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Les manchettes rapportent régulièrement l'impact désastreux des sables bitumineux canadiens sur l'environnement. Mais jusqu'à quel point? Des membres du Congrès et de l'Agence de protection environnementale étasunienne se posent la même question. Et la réponse ne leur plaît pas du tout.

Ils veulent connaître l'empreinte écologique de cette industrie qui va bientôt s'installer dans leur cour. La compagnie TransCanada attend l'autorisation de construire le Keystone Pipeline Project, un gazoduc long de 2 700 km. Le serpentin transportera 900 000 barils de bitume par jour, des puits canadiens jusqu'à la côte du Golfe du Mexique.

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Pour que le pays au sommet du palmarès des consommateurs d'énergies s'inquiète, il doit bien y avoir anguille sous la roche bitumineuse. Les chiffres le confirment.

Dans une lettre adressée à la secrétaire d'État étasunienne Hillary Clinton, le président du Committee on Energy and Commerce, Henry Waxman lance une mise en garde. L'utilisation du carburant extrait des sables bitumineux augmentera l'intensité des rejets polluants de 37 %, écrit-il.

En multipliant l'importation de ce carburant par deux , insiste-t-il, ce sera l'équivalent d'ajouter tout de suite 18 millions de voitures sur les routes. En bout de piste, l'importation du carburant le plus polluant viendra effacer tout simplement les gains des nouveaux moteurs plus écoénergétiques, conclut M. Waxman.

Des sables presque propres, réplique l'industrie Les statistiques sur le cycle de vie de l'extraction pétrolière des sables bitumineux sont quasiment inexistantes. Les rares chiffres connus avancent que ce type de pétrole est à peine 10 % plus polluant que l'or noir ordinaire. Or, ces données sont fournies par l'Alberta Energy Research Institute, le bras énergétique du gouvernement provincial. Cette année, l'agence a été rebaptisée Alberta Innovates, pour mieux refléter son mandat de produire une énergie propre, réplique la compagnie.

Deux compagnies étasuniennes spécialisées dans le secteur de l'énergie, TIAX et Jacobs Consultancy, arrivent aux mêmes résultats. Les auteurs prennent toutefois la peine de soulever l'absence criante de données publiques en provenance de l'industrie pétrolière.

Ces deux études ont pourtant exclu l’impact de l’extraction sur la destruction des forêts, des zones humides, des tourbières ou du forage intensif des pâturages pour pomper le carburant.

La California Energy Commission, l'Institut Pembina, l'Université de Toronto et celle de Calgary sont unanimes à rejeter leurs analyses. Dans une note de service vitriolique, ils dénoncent l'insuffisance de références aux affirmations, méthodes, facteurs d'incertitudes et de toutes comparaisons aux évaluations existantes pour permettre d'appuyer leurs conclusions.

En attendant les vrais chiffres, l'industrie des sables bitumineux souhaite augmenter l'exportation de son produit. Du coup, elle en profite pour sous-traiter à nos voisins les problèmes sécuritaires et environnementaux liés à la raffinerie du brut. Quelqu'un finira par payer la facture. Et les Américains ne semblent pas vouloir signer un chèque en blanc.

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