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Dans le dossier du gaz de schiste, les Québécois ont bien aimé étriller leurs politiciens, et ceux-ci n’ont pas toujours contribué à redorer leur image. Mais il faudra, à un moment donné, s’interroger sur le Québécois lui-même : jusqu’où est-il prêt à aller dans une — hypothétique — transition vers des énergies moins polluantes?

C’est là ce que les penseurs appellent une question d’éthique sociale. Et l’éthique, « c’est la recherche de cohérence », est venu expliquer Pierre-Olivier Pineau, professeur aux HEC Montréal, dans le cadre d’une table ronde sur « Les enjeux éthiques du gaz de schiste » organisée jeudi soir, 30 septembre, à Montréal. La cohérence, dans ce cas-ci, ça pourrait être celle du discours : par exemple, une société qui se prononce contre toute forme d’énergie polluante ne devrait-elle pas agir en conséquence?

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Lucie Sauvé, spécialiste de l’éducation relative à l’environnement à l’UQAM — et résidente de Saint-Marc sur Richelieu, ville située sur le premier front du gaz de schiste — y voit une occasion pour apprendre « à penser en terme d’intérêt collectif plutôt qu’individuel ». Et à ce titre, la « dynamique citoyenne » qui s’est développée dans ce débat depuis deux mois pourrait être, à ses yeux, une opportunité à saisir pour amorcer une transition vers des sources d’énergie alternatives.

Mais encore faut-il que le citoyen soit prêt à suivre. Tout n’est pas toujours de la faute aux politiciens, a rappelé Pierre-Olivier Pineau. Si la population n’y met pas la pression nécessaire, pourquoi un gouvernement changerait-il de direction? Il faut se demander, philosophe Daniel Weinstock, du département de philosophie de l’Université de Montréal, « si nos pratiques sont à la hauteur de ce que nous exigeons de nos politiciens ».

Son exemple : les banlieues nord-américaines, fréquemment décriées dans la littérature écologique, parce qu’il est impossible d’y habiter sans voiture, ou pour l'énorme consommation d’eau destinée à entretenir des terrains qui n’ont pour seule utilité que d’être beaux. Serions-nous prêts, ont demandé chacun à leur façon les trois panelistes, à sacrifier ce mode de vie?

Là est le dilemme : on peut rêver du jour où tout le monde se branchera à des sources d’énergie renouvelables et réduira sa consommation d’électricité. Mais la réalité, pour l’instant, est tout autre. Or, face à cette réalité — la consommation d’énergie, sur la planète, est en croissance et ne montre aucun signe de ralentissement — ne serait-ce pas, suggère Weinstock, une façon de minimiser les dégâts sur l’environnement nord-américain que d’adopter les gaz de schiste ici, et exporter l’hydro-électricité chez nos voisins du Sud, pour les amener à réduire leur consommation de charbon?

C’est là ce que les experts appellent un choix de société. Si nous ne sommes pas prêts, comme citoyens, à des sacrifices (lire : plus de taxes) nécessaires à une transition vers une société moins énergivore (lire : une facture d’électricité plus élevée), nous ne sommes peut-être pas prêts à dire non aux gaz de schiste.

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