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Alors qu’on s’interroge sur l’efficacité de la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques, que dire de la Conférence de l’ONU sur la biodiversité? Négligée par les médias, combien d'Occidentaux savent même qu’elle est actuellement en cours?

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La 10e Conférence sur la protection de la biodiversité a lieu à Nagoya, au Japon, du 18 au 29 octobre.

Elle est née au Sommet de la Terre de Rio, en 1992 et a lieu tous les deux ans. Son secrétariat est à Montréal. Son texte-fondateur, la Convention sur la diversité biologique, a été signé par 193 pays, et comprend trois objectifs : conservation de la biodiversité, utilisation durable de la biodiversité (forêts, agriculture, pêcheries) et « partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques ». C’est dans ce cadre que l’Organisation des Nations Unies a décrété 2010 Année internationale de la biodiversité.

Comment prévoyait-on atteindre ces objectifs?

« Conserver la biodiversité » et en faire une « utilisation durable » sont des objectifs louables, mais sans valeur, si nul n’y accroche des chiffres. C’est pourquoi lors de la conférence de 2002, les pays membres avaient signé une nouvelle déclaration, fixant une cible en apparence modeste pour 2010 : « ralentir le rythme actuel de déclin de la biodiversité ».

Constat aujourd’hui : échec total. Même cet objectif modeste n’a pas été atteint. En mai dernier paraissait la troisième édition de L’État mondial de la biodiversité (Global Biodiversity Outlook), riche en énumérations familières : un nombre croissant d’habitats approche du « point de non-retour », des récifs de corail jusqu’aux lacs d’eau douce empoisonnés par les algues.

L’échec ne vient pas juste de l’incurie des humains, soulignait ce rapport : les éditions précédentes (2002 et 2006) avaient également sous-estimé la sévérité des dégâts dans différents écosystèmes.

Comment prévoit-on atteindre à présent ces objectifs?

Prenant acte de cet échec, un projet de nouvelle déclaration sur la biodiversité (195 pages!) était sur la table lorsque les délégués sont arrivés à Nagoya, le 18 octobre. Cette version, après avoir blâmé le manque de volonté politique, propose une liste de 20 cibles pour 2020 : exploitation durable des forêts et des poissons, protection des coraux, davantage de réserves naturelles protégées, programmes d’éradication des espèces invasives...

Mais pas de chiffres accolés à ces cibles : que des souhaits. Commentaire désabusé du journaliste environnemental britannique George Monbiot :

Il n’y aura pas de gros débats à Nagoya parce qu’il n’y a rien à débattre : les gouvernements peuvent adopter ces non-cibles sans que cela ne leur coûte quoi que ce soit, politiquement ou économiquement.

La génétique à la rescousse?

Reste par contre le troisième objectif de 1992 : le « partage des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques ». En théorie, une entente là-dessus, appelée Access and benefit sharing, pourrait ressortir de Nagoya, à l’avantage des pays du sud : c’est-à-dire les règles à respecter et les redevances à verser lorsqu’on exploite une ressource qui n’est pas chez nous.

Depuis 18 ans, cet enjeu est de plus en plus souvent revenu sur le tapis, alors que des pays en voie de développement, le Brésil et sa forêt amazonienne en tête, accusaient les industries pharmaceutiques, chimiques ou même cosmétiques, de « biopiraterie ». La Chine et l’Inde se sont également rangées dans le camp de ces pays réclamant une entente : si ça passe, Nagoya sera leur victoire.

Une victoire économique toutefois, et non une victoire pour la biodiversité.

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