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Existe-t-il une température au-dessus de laquelle les humains ne pourraient plus survivre? La question n’est pas posée en référence à un scénario de fin du monde. Mais plutôt en référence à la fin... de certaines parties du monde.

Il est en effet facile d’imaginer que, si la tendance se maintient, au 23e siècle, ou même au 22e, de larges régions des tropiques seront devenues si chaudes et humides que plus personne ne pourra y vivre — à moins de ne jamais quitter sa maison hyper-climatisée. Mais quel est ce seuil? Existe-t-il? Après tout, des humains vivent aujourd’hui encore dans les déserts.

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À partir de données satellite des 30 dernières années, Nathaniel Johnson et Shang-Ping Xie, de l’Université d’Hawaii, viennent par exemple de calculer que la température de l’océan, aux tropiques, doit être aujourd’hui de 0,3 degré plus élevée qu’en 1980, avant que l’air au-dessus ne réussisse à produire de la pluie.

Mais en fait, la question n’est pas d’abord climatique, mais médicale : depuis toujours, les canicules tuent des gens, d’abord les personnes âgées et les malades. Si les canicules deviennent plus sévères, la proportion de gens touchés augmentera. De combien? À partir de quelle température?

Les médecins savent que notre corps, grâce à ses « systèmes » de refroidissement et de réchauffement, maintient une température de 37 °C. Au-dessus de 42 °C, nous mourons. Mais cela ne signifie pas qu’une journée de canicule où le thermomètre grimpe à 42 °C est mortelle : il faut aussi tenir compte du niveau d’humidité. Sous un climat plus sec, la sueur fait descendre notre température.

Mais encore? En mai dernier, Steven Sherwood, de l’Université des Nouvelles-Galles du Sud, en Australie, et Matthew Huber, de l’Université Purdue, aux États-Unis, avaient frappé un grand coup en définissant « la limite d’adaptabilité aux changements climatiques ». Ils avaient pour cela utilisé une mesure appelée « la température humide » ( wet-bulb temperature ), qui est la température qu’enregistrerait un thermomètre au mercure placé à l’extérieur et enveloppé dans une serviette mouillée.

Leur chiffre magique : même des gens en bonne santé ne pourraient survivre longtemps à une « température humide » de 35 °C.

Où trouve-t-on de telles températures? En ce moment, nulle part sur Terre, sauf peut-être certaines cavernes du Mexique, selon ce reportage de la BBC. D’après les mesures de Sherwood et Huber, les « températures humides » maximales (ne pas confondre avec « la température avec humidex ») ne dépasseraient pas 31 °C à l'heure actuelle.

Ce qui veut dire qu’on n’est pas si loin du seuil d’alerte. Pour chaque degré de température que gagne la Terre, la « température humide maximale » augmente de 0,75 °C. En s’appuyant sur les modèles pour les deux prochains siècles, on arrive donc à des scénarios inquiétants : si on ne réduit pas radicalement notre production de gaz à effet de serre dans les prochaines décennies, le réchauffement climatique pourrait atteindre, par rapport à l’époque pré-industrielle, 7 degrés de plus au 23e siècle, et peut-être dès le 22e. Deviendraient donc inhabitables de larges régions de l’Amazonie, de l’Afrique, de la Chine, de l’Inde... et du sud des États-Unis (voir la photo).

La vitesse du réchauffement dépend de la quantité de CO2 injectée dans l’air, sans oublier le fait qu’une fois là-haut, il lui faut des générations pour redescendre. Le New Scientist fait remarquer dans un article récent que la plupart des discussions sur le réchauffement planétaire fixent l’année 2100 comme point de référence. « Mais le réchauffement ne s’arrêtera pas en 2100, à moins que nos émissions ne soient tombées à zéro à ce moment. »

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