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Bien que les scientifiques utilisent de plus en plus Internet pour communiquer directement avec leur public, ils attribuent encore les plus grands effets sur l’opinion publique et sur les décideurs politiques aux médias traditionnels.

C’est ce que révèle Hans Peter Peters, chercheur en journalisme scientifique au Centre de recherche de l’Université de Jülich, dans l’ouest de l’Allemagne, lors d’un récent séminaire organisé par la Chaire de recherche en journalisme scientifique de l’Université Laval.

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Dans une étude, réalisée en collaboration avec l’Université du Wisconsin, il a interrogé une centaine de neuroscientifiques aux États-Unis et en Allemagne sur leur utilisation des différents médias et des effets sur le public et les décideurs politiques qu’ils accordent à chacun.

Les résultats obtenus démontrent que le prestige social que conservent les journaux aux yeux des scientifiques est attribuable à leur rôle de chien de garde. Le fait que les scientifiques puissent grâce à Internet s’adresser directement au public ne rend pas inutile le travail journalistique. Des résultats qui, selon le chercheur, sont un signe de « la crédibilité et de la valeur du journalisme scientifique ». Dans un monde où les gens ont peu de temps pour s’informer, il est utile, rappelle-t-il, d’avoir un professionnel qui fait une sélection pour vous dire ce qui est important à savoir et pourquoi ça l’est.

Selon le chercheur, la fonction première du journalisme est de contextualiser l’information. « Si les médias comprennent cela, il y a peu de chance que le journalisme tel qu’on le connaît disparaisse. Mais si cela se produisait, la société aurait de gros problèmes. Les journalistes scientifiques sont indispensables. Ils insèrent la science dans la réalité quotidienne du public. »

Il oppose ainsi le journalisme sous toutes ses formes à des « fournisseurs de contenus » que sont les organisations scientifiques. Les blogues de scientifiques constituent pour lui, « un morceau d’information hors de son contexte ». Leur danger principal est d’ignorer la source du message et ses intérêts. « Il faut parfois remonter loin dans les pages pour comprendre la discussion. »

Hans Peter Peters défend la place d’un journalisme scientifique compétent et critique. Il avoue toutefois qu’un modèle économique viable reste encore à découvrir. « J’espère qu’au moins une part de l’audience sera prête à payer ”, conclut-il sur une note d’espoir.

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