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La catastrophe nucléaire de Fukushima se résumera-t-elle un jour à un gros scandale politico-économique, plutôt qu’à un problème techno-scientifique?

À en juger par une chronologie publiée par le New Scientist, la fiabilité de la compagnie d’électricité — et des organismes chargés de la surveiller — était bien loin du niveau de préparation qu’on prête au Japon en matière de tremblements de terre.

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Déjà, entreposer les barres de combustibles usés (de l’uranium) là où on les a entreposées n’était pas la meilleure décision à prendre. Parce que ces « piscines » sont situées aux étages supérieurs des six réacteurs, certaines ont été immédiatement exposées à l’air libre lors des explosions. D’après les registres de la compagnie d’électricité TEPCO, abondamment cités dans les médias japonais depuis une semaine, ces barres émettaient encore, plusieurs années après avoir été retirées des réacteurs, suffisamment de radiations pour tuer une personne qui se serait tenue trop près.

Mais si la compagnie l’a fait, c’est parce qu’elle a senti avoir le droit de le faire, résume un reportage de Reuters : « les réglementations japonaises sur la sécurité ont pu donner à [la compagnie] TEPCO trop de marge de manoeuvre alors qu’elle cherchait à limiter ses dépenses ». Le résultat :

Lorsque le tsunami a frappé Fukushima Daiichi, la centrale nucléaire contenait bien plus d’uranium que ce pour quoi elle avait été conçue à l’origine, et elle avait raté à répétition les inspections de sécurité obligatoires de la dernière décennie. Au moment du séisme du 11 mars, les édifices des réacteurs contenaient l’équivalent de près de six années d’uranium hautement radioactif produit par la centrale.

Et c’est là un problème qui pourrait avoir des échos ailleurs, parce que le Japon est loin d’être le seul pays à avoir des centrales qui ne savent pas quoi faire de leurs barres de combustible utilisées.

C’est sans compter « 33 pièces d’équipements » de la centrale Fukushima Daiichi que la compagnie a reconnu avoir « failli » à inspecter seulement deux semaines avant le séisme, dont un générateur de secours qui aurait été bien utile au réacteur numéro un lorsque le tsunami a balayé le générateur principal.

Quant au reste de l’industrie nucléaire japonaise, son histoire récente est marquée par des fuites radioactives qui auraient pu être évitées... et par un déficit d’informations quand ça se produit.

Même WikiLeaks y apporte sa contribution : dans un câble de mars 2006, l’ambassade américaine commentait la décision d’un juge qui venait d’ordonner à la compagnie électrique Hokuriku de fermer un des réacteurs de la centrale Shika, en raison de sa vulnérabilité aux séismes. Autant la compagnie que le gouvernement ont contesté le jugement, et la centrale a repris ses opérations en 2009.

En 2007, à la suite d’une fuite de matériel radioactif dans la centrale Kashiwazaki-Kariwa, qui avait subi l’assaut d’un séisme de 6,8, la Commission nucléaire japonaise décrétait que les futures centrales devraient être conçues pour résister à des séismes d’une magnitude de 6,5. Celui du 11 mars a atteint les 9,0.

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