dreamstime_xs_25239178.jpg
Les Nobels scientifiques 2012 n’auront pas fait exception: vedettes dans leur domaine mais inconnus de la grande majorité du public... et plusieurs chercheurs laissés sur le carreau en raison d’une règle anachronique.

Il s’agit de la règle de trois, propres aux prix Nobels: la prestigieuse médaille ne peut être remise qu’à un maximum de trois personnes. Le problème, c’est qu’en science, depuis des décennies, une «découverte» n’est plus le fruit d’individus, mais d’équipes. Non seulement une équipe de seulement trois chercheurs est-elle chose rare, mais il est même rare qu’une percée ne soit que le fruit d’une seule équipe!

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Ainsi, le Nobel de physique de l’an dernier, sur l’accélération de l’expansion de l’Univers: cette découverte avait été le résultat du travail conjoint de deux équipes rivales, totalisant 51 personnes.

Avec le Nobel de médecine de cette année, problème différent mais injustice similaire: le comité récompense une séquence de découvertes, celle qui a ouvert la voie au clonage de cellules en 1962 (John B. Gurdon), et celle qui, en 2006, a ouvert la porte à reprogrammer nos propres cellules (Shinya Yamanaka).

Sauf qu’entre les deux, il y a eu l’équipe de Ian Wilmut qui a cloné le premier mammifère —la brebis Dolly— en 1997 ou celle de James Thomson à qui on doit la première lignée de cellules souches humaines en 1998. Deux percées sans lesquelles celle de Yamanaka n’aurait pas été possible, dénonce le médecin et blogueur Jalees Rehman. S’ajoute à cela toute l’équipe derrière Yamanaka lui-même, y compris l’auteur principal de l’article de 2006, Kazutoshi Takahashi. Pourquoi l’un et pas les autres?

Le Scientific American lançait lundi un appel à réformer la façon d’attribuer les Nobels. Il serait temps «d’attribuer le Nobel à des équipes plutôt qu’à des individus». Ce type d’appel est relancé régulièrement depuis quelques années.

La nature du travail scientifique a changé. Les équipes sont maintenant derrière les travaux à fort impact. Alors que, il y a un siècle, un employé du bureau des brevets pouvait concevoir la théorie de la Relativité dans son temps libre, la découverte du boson de Higgs a nécessité des décennies de planification et les efforts de 6000 chercheurs. Personne —pas même un trio— ne peut légitimement s’approprier tout le crédit.

La Fondation Nobel n’aurait pas à chercher loin pour trouver une source d’inspiration: son propre Nobel de la paix peut être remis à des groupes autant qu’à des individus.

Je donne