L’auteur, Robert Parker, et ses collègues de l’Université de Colombie-Britannique, ont analysé les données disponibles sur les pêcheries à travers le monde : tonnages, espèces ciblées, engins utilisés, quantité de carburant utilisée. Entre 1990 et 2011, alors que les tonnages annuels pêchés sont restés à peu près constants, les émissions du secteur ont cru de 28 % (pour 40 milliards de tonnes de carburant consommées). Or, cette hausse est principalement due, selon les auteurs, à l’augmentation de la part des crustacés dans la composition des prises (+ 60 % sur la période). Pêcher le homard ou la crevette nécessite en effet l’usage de flottes plus gourmandes en carburant, comme le montraient déjà les auteurs en 2014. Ainsi, alors que les crustacés représentent 6 % du tonnage total des prises en 2011, leur pêche est responsable de 22 % des émissions de carbone.
L’exploitation des ressources halieutiques dans leur ensemble produit cependant moins de gaz à effet de serre que d’autres sources de protéines. La pêche compte pour 4 % seulement des émissions totales de la production alimentaire mondiale (y compris l’élevage et l’agriculture), même lorsqu’on inclut les usages non-alimentaires des produits de la mer (huile et aliments pour le bétail et les fermes piscicoles). « Selon les estimations, plus de la moitié des produits dérivés de la pêche destinés à la consommation produiraient moins de gaz à effet de serre que […] le porc, le bœuf et l’agneau » rapporte l’étude, publiée le 2 avril. C’est donc, proposent les auteurs, dans les pays les plus dépendants des ressources de la mer que la réduction des émissions de la pêche peut avoir le plus d’impact : par exemple, en abaissant la vitesse des bateaux ou en pêchant dans des zones plus réduites.
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Par contre, il faut savoir que les émissions de carbone du secteur de la pêche ne s’arrêtent pas au point de débarquement, un aspect qui n’est pas pris en compte dans l’étude de Robert Parker : 40 % des prises sont échangées à l’international et les produits traversent plusieurs frontières avant d’arriver au consommateur. En outre, le transport de produits frais ou vivants par avion est plus nocif pour l’environnement que celui par bateau de produits congelés, rappellent les auteurs.
— Laurent Rigaux