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Les changements climatiques ne sont certainement pas la principale cause de la crise au Venezuela. Mais le climat pourrait porter le titre de « multiplicateur de menaces », selon le terme employé par plusieurs observateurs, incluant des agences américaines de défense et de sécurité.

Le plus gros du pays a été frappé depuis 10 ans par des sécheresses sévères et à répétition. Il a perdu quatre de ses cinq glaciers depuis les années 1990. Les précipitations de 2013 à 2016 ont été de 50 à 65 % moindres que la moyenne des décennies précédentes. Ce qui a conduit à des rationnements d’eau et d’électricité.

Certes, il y a aussi eu la chute mondiale des prix du pétrole, qui a eu un impact quantifiable sur l’économie — puisque l'économie du Venezuela est très dépendante de son or noir. Et il y a évidemment cette crise politique aux ramifications complexes.

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Mais ce serait une erreur que de balayer trop vite la question climatique, prévenaient des analystes militaires américains il y a déjà deux ans. « Les changements climatiques ne seront jamais la seule chose qui cause une guerre ou qui fait tomber un gouvernement ou qui entraîne une migration, mais ils sont un facteur qui rend tous les autres facteurs plus difficiles. »

L’un de ces analystes renchérissait il y a deux semaines, dans un texte publié par un groupe de réflexion appelé le Centre pour le climat et la sécurité :

Bien que davantage de recherches doivent être menées pour estimer quelle partie de cette crise humanitaire a été exacerbée par la sécheresse, il est évident que le mauvais processus décisionnel du gouvernement du Venezuela, avant la pénurie d’eau et en réponse à elle, a contribué significativement au départ de millions de Vénézueliens.

La relation entre climat et politique est évidemment complexe, notait cette semaine un article du Scientific American. Même dans un pays comme la Syrie, où le lien semble le plus facile à tracer, un flou demeure. Oui, la sécheresse de 2007 à 2010 a conduit un million et demi de personnes à trouver refuge dans les villes, exacerbant les tensions sociales et aggravant les pénuries alimentaires. Oui, la révolte de 2011, qui — tout comme celle en Égypte — s’inscrivait dans le « printemps arabe », est née en bonne partie de ces tensions sociales. Mais des décennies de pauvreté et d’inégalités avaient aussi fait leur œuvre. Au final, les changements climatiques ont-ils été un moteur ou un facteur aggravant ?

Dans le dossier syrien, c’est l’océanographe Andrew Solow qui, en 2013, lançait lui aussi, dans la revue Nature, un appel à davantage de recherches pour mieux comprendre ces interrelations. Parce que devant l’hypothèse d’un facteur aggravant ou d’un « multiplicateur de menaces », il est certain que les choses ne vont pas aller en s’améliorant.

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