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Ces derniers mois, trois nouvelles ont confirmé que les crises alimentaires de 2008 et 2011 étaient non seulement vouées à revenir, et qu’en fait, elles n’ont jamais pris fin. Et ne sont pas près de finir.

Premier cas: la sécheresse de 2011 en Afrique de l’Est et la famine qu’elle a entraînée: ce serait le premier événement du genre —et pas le dernier— qu’on puisse imputer au réchauffement climatique, selon des climatologues du Centre Hadley, en Angleterre.

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Les climatologues, en général sont plutôt enclins à dire que tel ou tel événement (sécheresse, canicules, précipitations extrêmes, etc.) ne peut pas être associé hors de tout doute au réchauffement planétaire, parce que de tels événements vont et viennent. Or, la différence avec la sécheresse de 2011 qui a fait au moins 50 000 morts en Ethiopie et en Somalie, c’est qu’on peut l’imputer, selon ces climatologues britanniques, à l’absence de ce qu’on appelle les «pluies longues». Il faut savoir que la région est caractérisée par des «longues» et des «courtes»: et alors que ces dernières varient naturellement en fonction des événements climatiques El Nina dans le Pacifique, les «longues» sont directement influencées par la quantité de gaz à effet de serre présents là-haut. Plus il y en a, moins il y a de pluie... et du coup, une sévère crise alimentaire qui se répercute au-delà de la région.

Deuxième cas: l’achat de terres en Afrique. Même Oxfam consacrait un rapport entier à cette question en octobre 2012. On y cite un consortium Brésil-Japon qui a acheté environ 90 000 kilomètres carrés au Mozambique, uniquement pour l’exportation de denrées. Une compagnie suisse qui a acheté des terres au Sierra Leone pour produire du biocarburant. Et des spéculateurs qui achètent mais ne cultivent pas, dans l’espoir de faire monter les prix. À long terme, écrit Michael Kugelman, co-auteur the The Global Farms Race, il est impossible que ces pratiques ne créent pas de nouvelles crise alimentaires, locales ou internationales.

Les moteurs de cette course mondiale aux terres agricoles —croissance démographique, demande en nourriture et en énergie, prix volatils, pénuries de terres et d’eau— ne ralentiront pas de sitôt. Pas plus que les événements météorologiques extrêmes et autres impacts des changements climatiques sur les ressources naturelles.

Troisième cas: le printemps arabe, en 2011. On a déjà écrit que la crise alimentaire en était une cause, et les changements climatiques qui affectent le Moyen-Orient n’arrangeront pas le problème.

«Le réchauffement climatique n’a peut-être pas causé le printemps arabe, mais il pourrait l’avoir fait survenir plus tôt» ont écrit en février des chercheurs américains. On sait depuis quelques années à quel point l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient sont vulnérables aux fluctuations des réserves de nourriture, non pas chez elles, mais ailleurs dans le monde: l’Égypte, par exemple, doit importer 60% de son blé et, en 2010, des sécheresses au Canada, en Russie, en Chine et en Australie, ont eu un impact jusque dans les assiettes des familles du Moyen-Orient.

«Ça pousse plusieurs sociétés, spécialement celles dont le gouvernement est affaibli, vers leurs limites», résume Michael Werz, du Center for American Progress, un des trois organismes derrière ce rapport.

Dans un monde de plus en plus interdépendant, concluent-ils, l’impact des changements climatiques sur les pénuries d’eau et de nourriture, et l’impact de ces pénuries sur des soulèvements à l’autre bout du monde, ne doit plus être sous-estimé.

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