Notre-Dame-toit

Refaire le toit de bois de la cathédrale Notre-Dame de Paris avec les savoirs et les techniques de l’époque, s’annonce comme une tâche difficile, mais réalisable. En revanche, le reconstruire identique à l’original pourrait s’avérer impossible, pour la simple raison que les forêts d’où provenaient ces arbres… n’existent plus.

Le toit en bois était en effet vieux de 800 ans, à une époque où les forêts couvraient des portions de l’Europe beaucoup plus larges qu’aujourd’hui. Et en France, même là où subsistent des portions de forêts très anciennes, on n’y trouve plus beaucoup d’arbres de la taille de ceux qui avaient été coupés au 13e siècle pour ce chantier, a indiqué mardi le vice-président du groupe de conservation Fondation du patrimoine, Bertrand de Feydeau.

Des groupes n’ont pas tardé à se mobiliser mardi pour suggérer que les propriétaires forestiers français offrent chacun un de leurs chênes. Il est trop tôt pour savoir si on en trouvera suffisamment qui auront la taille nécessaire pour refaire la toiture de la même façon. Au mieux, ceux-ci pourraient venir de Normandie plutôt que d’Ile-de-France.

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C’est que le paysage européen a été changé radicalement pendant le Moyen Âge. Bien avant l’urbanisation et l’industrialisation, les « défrichements médiévaux » du 11e au 14e siècle ont transformé, de l’Atlantique jusqu’en Pologne, ce qui était un paysage majoritairement forestier en un paysage d’agriculture. Le bois a été une source de combustible pour les paysans et les seigneurs pendant des siècles, les troncs ont servi pour les portes, les meubles, les tonneaux, les planches… et les immenses cathédrales. Le toit de Notre-Dame était décrit comme un « enchevêtrement de poutres massives de dimensions impressionnantes », grâce à quelque 1300 « chênes d’Île-de-France » âgés de 100 à 150 ans au moment de la construction.

À partir du XVIe siècle, ce sera la construction navale qui deviendra grande consommatrice de bois. Paradoxalement, c’est depuis le XIXe siècle que les forêts françaises ont repris du terrain, devant les efforts pour protéger les derniers espaces, mais surtout devant l'abandon du charbon de bois comme combustible et l’utilisation d'autres matériaux de construction.

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