Dans un débat apparemment sans issue avec un climatosceptique, un anti-vaccin ou un créationniste, vaut-il mieux pointer les erreurs factuelles de celui-ci, ou pointer les techniques trompeuses qu’il utilise dans son discours ? Les deux méthodes ont leurs mérites, conclut une étude parue le 24 juin dans la revue Nature Human Behaviour.
Les deux auteurs de l’Université d’Erfurt, en Allemagne, la professeure en communication de la santé Cornelia Betsch et son étudiant au doctorat, se sont penchés sur ceux qu’ils ont définis comme des « dénégateurs de la science » (science denier) et ont conclu que l’une ou l’autre de ces méthodes peut réduire l’influence qu’ils ont sur les individus « déjà vulnérables aux croyances anti-science ».
L’une des deux méthodes, qu’ils appellent « réfutation des sujets » (topic rebuttal) semble la plus classique : c’est celle qui consiste à expliquer pourquoi une affirmation est fausse. L’autre, « réfutation technique » (technique rebuttal) est moins connue du public, mais souvent utilisée par les médias vérificateurs de faits : cela consiste à analyser le discours du créationniste ou du climatosceptique en montrant, par exemple, à quel moment il est passé du fait à l’opinion; ou à quel moment il a placé la barre trop haute (par exemple, « la médecine n’a pas toujours raison »); ou à quel moment il a utilisé la tactique dite de l’amalgame, qui consiste à associer deux faits dans la même phrase pour donner l’illusion qu’ils sont liés, alors qu’ils n’ont aucun rapport entre eux.
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La crainte d’un « effet boomerang » (backfire effect) souvent invoquée, semble sans fondements, à en juger par leurs résultats, obtenus par six expériences en ligne auxquelles ont participé 1 773 personnes — c’est cette crainte, évoquée il y a quelques années mais de plus en plus battue en brèche, selon laquelle le fait de démontrer à quelqu’un qu’il a tort entraînerait inévitablement une contre réaction hostile.
Un avantage de la « réfutation technique », ajoute le duo, c’est que les « dénégateurs de la science utilisent la même rhétorique » d’une discipline à l’autre, ce qui pourrait en théorie permettre de les confronter plus facilement.