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Lorsque nous marchons dans les sous-bois, il nous arrive d’être surpris par la grande différence de températures entre le couvert forestier et les champs des alentours. Une récente étude s’est penchée sur les microclimats des forêts autour de la planète et les bénéfices qu’ils pourraient apporter en période de réchauffement climatique.

Une climatisation naturelle offerte par les forêts : « il serait possible de regagner quelques degrés de fraîcheur localement », relève Mark Vellend, professeur au département de biologie de l’Université de Sherbrooke.

La couverture forestière agirait comme une sorte d’isolant thermique. Le couvert forestier absorbe le rayonnement lumineux en offrant ombre et protection aux espèces qui y vivent. Lorsque les températures de l’air s’élèvent, les feuilles vont se mettre à faire de l’évapotranspiration.

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Cette étude internationale rassemble les analyses de 98 sites sur cinq continents, provenant de 74 études publiées entre 1939 et 2017. En analysant 715 points de comparaison de températures, les chercheurs constatent qu’il peut y avoir jusqu’à cinq degrés de différence entre le couvert forestier et l’extérieur, mais aussi que cette « efficacité » varie entre les forêts tempérées, boréales et tropicales, ces dernières affichant un plus grand effet lorsque les températures augmentent.

L’équipe internationale s’est intéressée aussi au type de forêts et aux espèces d’arbres, à leur taille ainsi qu'à la topographie du terrain, à l’éloignement des côtes et à la qualité du sol — pour conclure que la température de l’air est le plus grand prédicteur de cet effet tampon.

Étudier ces microclimats — ce que l’on peut appeler la « micro-climatologie » — apporte une vue plus nuancée des changements climatiques attendus dans certaines régions. Les microclimats forestiers auraient d’ailleurs un rôle encore peu connu de refuge climatique : ils diminueraient le risque d’extinction de certaines espèces, rapporte une autre étude internationale. Plus spécifiquement en Grande-Bretagne, ces « microrefuges » limiteraient le risque d’extinction de 22 % des plantes et 9 % des insectes.

La conservation est toutefois une clé du problème, car la déforestation, les pertes et les dégradations des zones forestières, minent l’habileté des écosystèmes à temporiser le réchauffement climatique.

La clémence des forêts

Le directeur du programme de doctorat en sciences de l'environnement à l’Université du Québec à Montréal et chercheur au Centre d'étude de la forêt, Daniel Kneeshaw, n’est pas surpris des résultats de cette étude. « Le fait même de quantifier cet effet tampon est très intéressant. Les résultats viennent appuyer la nécessité d’investir plus d’argent pour préserver nos forêts urbaines et augmenter notre canopée, afin de lutter contre les îlots de chaleur ».

Selon lui, il faudrait que Montréal présente des cibles plus ambitieuses pour augmenter le couvert de sa canopée et plutôt que de viser 25 % d’ici à 2015, qu’elle imite Toronto avec une cible de 40 % — grâce notamment aux programmes LEAF et Tree for Me là-bas. « En regard de l’étude, il serait possible de gagner 3-4 degrés de fraîcheur lors des canicules », évalue-t-il.

Le Pr Kneeshaw aurait aimé avoir quelques détails sur la composition des forêts étudiées car il s’attend à plus d’évapotranspiration par les feuillus et donc, un effet plus important à documenter. « Le danger des grands articles, c’est surtout de souligner les grandes tendances généralisables mais est-ce que les feuillus de Montréal lui apportent un meilleur microclimat qu’une ville de Finlande où il y aurait surtout des conifères ? Cela reste à creuser ».

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