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Huit mois après avoir été la cible d’attaques et d’intimidations sur les médias sociaux, le vulgarisateur québécois Le Pharmachien remporte cette semaine à Londres le prix John-Maddox, catégorie début de carrière, remis annuellement depuis 2012 à une personne qui fait la promotion de la science et qui favorise la discussion publique sur des sujets suscitant « l’hostilité ».

« Cette période a été vraiment difficile, mentionne Olivier Bernard. En apprenant que j’avais gagné, les émotions des derniers mois sont revenues à la surface. Recevoir ce prix est un honneur et j’en suis très fier. Cela confirme que j’ai bien fait de ne pas me laisser abattre. »

Olivier Bernard a reçu un énorme soutien de la communauté scientifique à la suite de la controverse lancée par un billet de blogue où il contestait le bien-fondé d’injections de vitamine C pour soulager les douleurs causées par la chimiothérapie. Par exemple, plusieurs associations médicales ainsi que des oncologues ont publiquement appuyé ses conclusions.

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L’Ordre des pharmaciens lui a également offert son soutien. « Cela m’a permis de faire le plein d’énergie et de me sentir motivé à nouveau », raconte-t-il. Après une pause de quelques mois où il s’est fait discret sur les médias sociaux et où il s’est concentré sur l’écriture de sa série télé, il s’est senti cet été prêt à repartir.

Les retombées positives de la controverse

Le communicateur scientifique retire d’ailleurs de la satisfaction de sa mésaventure. « Cela a été difficile pour moi personnellement, mais il y a eu beaucoup de retombées positives ». En effet, le gouvernement du Québec a demandé à l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) de rédiger un avis sur les injections de vitamine C. Le Scientifique en chef du Québec et plusieurs ordres professionnels ont également mis en place des groupes de discussion pour déterminer comment les scientifiques prenant la parole sur la place publique pourraient être mieux soutenus dans des incidents de ce genre.

Olivier Bernard souhaite d’ailleurs utiliser son prix, d’une valeur de 3000 livres (5100 $ CAN) pour aider d’autres collègues qui vivent des situations semblables. « Les gagnants du prix John-Maddox ont en commun d’avoir abordé des sujets difficiles, d’en avoir subi les conséquences, mais de ne pas avoir abandonné, explique-t-il. Par exemple, le Dr Edzard Ernst, un chercheur dans le domaine des thérapies alternatives, a perdu sa chaire de recherche. J’aimerais profiter de mon prix pour parler de tout ça. »

La vulgarisation scientifique : plus pertinente que jamais

Olivier Bernard souligne l’importance de soutenir les scientifiques qui interviennent dans le débat public. « Ils reçoivent peu de formation sur la communication, déplore-t-il. Ce n’est pas valorisé ou encouragé. » Il lui semble aussi nécessaire d’éduquer les médias pour qu’ils puissent reconnaître la bonne science et les experts réellement fiables.

« Cependant, ce qui me préoccupe, c’est que plusieurs décisions en matière de science ou de santé sont prises sans base scientifique en raison du lobbying politique. » Selon lui, les scientifiques doivent donc prendre la parole maintenant plus que jamais, par le biais de lettres ouvertes par exemple. « On ne peut plus se permettre d’être silencieux, insiste-t-il. Si on ne prend pas notre place, d’autres le feront. »

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