Nos ancêtres ont perdu une dent… il y a 4 millions et demi d’années. Ou plus exactement, nos canines ont pris une direction différente des canines des grands singes d’aujourd’hui.
Les canines sont ces grandes dents pointues, situées à l’avant. Parce que ce sont les dents les plus longues et les plus pointues, il a longtemps semblé logique qu’elles aient servi à déchirer la viande. Cela n’explique toutefois pas complètement pourquoi, chez nous, les canines des hommes sont 10% plus longues que celles des femmes… alors que chez les gorilles, elles sont deux fois plus longues !
Un autre scénario s’est alors dessiné chez les experts en fossiles et chez les experts des grands singes: chez les gorilles, il n’y a qu’un mâle dominant par groupe, qui se réserve les femelles. Et celui qui a les crocs les plus intimidants part avec une avance sur les autres prétendants. Les humains ayant peu à peu choisi d’autres façons de régler leurs disputes, cet « avantage évolutif » se serait, littéralement, émoussé.
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Ce n’est qu’une théorie, mais une équipe de l’Université de Tokyo vient d’y ajouter une date, à partir d’une analyse statistique de 300 dents réparties sur 6 millions d’années. Dont 24 dents de l’Ardipithecus ramidus, qui vivait il y a 4 millions et demi d’années. Par rapport aux plus anciens, il s’est révélé être le premier dont les chercheurs ne pouvaient pas distinguer facilement les canines des mâles et celles des femelles: celles du haut étaient à peine 1,06 plus grosses chez les mâles. En comparaison, sur les fossiles plus anciens, les canines des mâles étaient reconnaissables à l’oeil nu.
Sachant que les lignées conduisant aux chimpanzés et aux humains d’aujourd’hui se sont séparées pour de bon il y a près de 7 millions d’années, on parle donc d’une évolution de la canine qui se serait produite assez vite. Outre qu’il avait moins besoin de dents intimidantes, notre ancêtre aux plus petites dents a peut-être développé un autre avantage, spécule dans le New Scientist l’anthropologue Gen Suwa: « de plus petites canines peuvent évoluer si les femelles préfèrent s’accoupler avec des mâles qui sont moins enclins à l’agression ».