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C’est au moins depuis avril que la polio se répand au nord de New York, à en juger par un échantillon d’eaux usées récolté ce printemps. Jusqu’ici, le plus ancien cas connu, également à partir d’eaux usées, était daté du mois de mai.

Guère plus rassurantes, des analyses génétiques du virus et de ses plus proches cousins détectés en juin en Grande-Bretagne et en Israël en mars —où une éclosion a été observée à Jérusalem— suggèrent qu’il pourrait s’agir d’une branche qui circule, quelque part dans le monde, depuis au moins un an.

Rappelons que deux patients porteurs de la polio, ou poliomyélite, ont été hospitalisés en juin et juillet dans un hôpital du comté de Rockland, au nord de New York. Il s’agissait des deux premiers cas de polio officiellement rapportés aux États-Unis depuis 2013. Et ces deux cas s’inscrivent dans un contexte « post-pandémie »: depuis quelques mois, de nombreux médecins signalent que davantage de parents tardent à faire vacciner leurs enfants contre les maladies infantiles, dans la foulée de la désinformation entourant les vaccins contre la COVID.

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Bien que très contagieuse, la polio peut passer sous le radar pendant un temps, puisque la majorité des personnes n’auront pas de symptômes sérieux. Mais les cas les plus graves mènent à des méningites (1 à 5 cas sur 100) et la paralysie (entre 1 cas sur 200 et 1 sur 2000). Il n’existe pas de traitement contre la paralysie.

Ce n’est pas un hasard si c’est dans le comté de Rockland que sont apparus les premiers cas « officiels »: le taux de vaccination des enfants (trois doses) y varie de 37% à 67% suivant les secteurs et les communautés religieuses. Il n’est que de 60% dans le comté voisin d’Orange, contre 86% à New York.

Les médias locaux signalent aussi que les croyances religieuses pourraient jouer un rôle: en 2018, le comté de Rockland avait été l’épicentre d’une éclosion de rougeole dans la communauté juive orthodoxe locale, où le taux de vaccination en général est très bas.

Jusqu’ici, 21 échantillons d’eaux usées, sur les 260 récoltés ce printemps ou cet été dans les comtés de Rockland et d’Orange, ont été testés positifs pour la polio, selon une compilation publiée le 16 août par le Centre de contrôle des maladies (CDC). Six échantillons récoltés dans la ville même de New York, ont également été testés positifs au début d’août. Les deux cas hospitalisés ne sont vraisemblablement que « la pointe de l’iceberg », a prévenu la commissaire à la santé de l’État de New York, Mary Bassett, le 4 août.

Une campagne de vaccination mondiale, dans les années 1980 et 1990, avait fait considérablement reculer la maladie, au point où avait été évoquée la possibilité qu’elle devienne la deuxième maladie contagieuse, après la variole, à pouvoir être complètement éradiquée de la planète. Depuis quelques années, il ne subsiste que deux pays, l’Afghanistan et le Pakistan, où la polio est endémique. Mais des éclosions sporadiques continuaient de se produire en Afrique et en Asie. Il est possible qu’à présent, l’espoir de l’éradiquer soit en train de s’amenuiser: le fait que New York soit un carrefour pour des voyageurs du reste du pays et de partout dans le monde est à ce titre un signal d’alarme. Par contre, c’est une éventuelle crise sanitaire qui, au contraire de la COVID il y a deux ans et demi, pourrait être plus facilement prévenue: on connaît le virus, on sait comment le dépister et les vaccins sont largement disponibles. 

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