Une nouvelle expérience de manipulation génétique sur le terrain qui va faire jaser: dans une ville du Brésil, des moustiques mâles génétiquement modifiés ont temporairement réduit le nombre d’insectes porteurs du virus de la dengue dans une proportion allant jusqu’à 96%.
Le gros bémol est que ce gène modifié ne persiste que pendant un nombre limité de générations de moustiques, correspondant à moins d’une année. Mais c’est une piste envisagée depuis longtemps pour réduire les infections à des maladies transmises par des insectes, comme la malaria ou le zika.
Dans ce cas-ci, c’est une firme de biotechnologie britannique, Oxitec, qui rêve de pouvoir s’attaquer à la dengue (et qui y travaille depuis 2013). La dengue provoque des symptômes généralement bénins, mais mortels dans près de 1% des cas. Or, selon un document de l’OMS, il y aurait 390 millions d’infections par année. C’est une estimation, tous les cas n’étant pas rapportés. Et le réchauffement permet aux moustiques de l’espèce Aedes aegypti, qui en sont porteurs, de se reproduire dans de nouvelles régions.
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L’altération génétique vise les moustiques mâles, parce que seules les femelles piquent. Le gène modifié fait donc en sorte que seules les larves de sexe masculin vont survivre. L’expérience dont il est question ici s’est déroulée de mai 2018 à avril 2019 dans quatre quartiers densément peuplés d’Indaiatuba, dans l’Etat de Saô Paulo. C’est en comparant avec les quartiers voisins, où ces moustiques n’ont pas été relâchés, que les chercheurs arrivent à cette diminution de la population variant entre 88 et 96%.
Mais ce n’est pas une solution permanente, soulignent les chercheurs dans leur article, paru le 25 octobre dans Frontiers in Bioengineering and Biotechnology. Ils estiment que le gène modifié finit par disparaître des populations d’insectes après six générations, ou environ six mois.
Des expériences similaires, impliquant d’autres groupes de chercheurs, ont été menées ces dernières années, en Australie dès 2014, et en Indonésie en 2020. Dans ce dernier cas, on avait observé une diminution de 77% des cas de dengue. La firme Oxitec a mené la même expérience en Floride à l’été 2021, malgré une opposition locale. La prochaine cible pourrait être la Californie. Il faut savoir que certains coins des États-Unis font partie de ces régions plus à risque, réchauffement aidant, de voir proliférer cet Aedes aegypti.