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Parmi les sujets à propos desquels il sera difficile d’en arriver à un consensus à la conférence des Nations unies (COP15) sur la biodiversité tenue à Montréal du 7 au 19 décembre, il y a la déforestation. Un litige possible entre le Canada et l’Union européenne illustre le problème.

Dans une lettre envoyée le 17 novembre et obtenue cette semaine par la BBC, l’ambassadrice du Canada auprès de l’Union européenne (UE) exprime ses « préoccupations » face à la future règlementation sur la déforestation (Deforestation Regulation), en cours d’adoption dans les différents pays de l’UE (elle a été adoptée au parlement européen en septembre). L’ambassadrice, Ailish Campbell, s’inquiète des barrières à l’exportation que cela pourrait entraîner pour les producteurs canadiens et recommande notamment une clarification de la définition de « dégradation » d’une forêt.

Rappelons que, lorsqu’on parle de difficulté à obtenir un consensus (voir notre premier texte), on parle de consensus sur des cibles précises (par exemple, imposer un quota sur les coupes d’arbres) et non sur des principes généraux. Pour l’instant, le brouillon de l’entente censée clore la COP15 ne manque pas de consensus sur les principes généraux: l’importance de protéger la biodiversité. C’est sur des chiffres précis, des pourcentages, des cibles, que certains pays font obstacle, tout dépendant des forces de leurs économies respectives.    

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Si « déforestation » désigne une perte permanente, « dégradation » est un concept plus large, qui vise à protéger des pertes en cours, avant qu’il ne soit trop tard. Il n’y a pas de définition consensuelle de ce qui constitue une « dégradation ». La nouvelle législation obligerait tout au plus les compagnies européennes à s’assurer que les biens importés en Europe soient produits « sans déforestation » (deforestation-free products). En théorie, le Canada passerait le test avec un taux annuel de déforestation de seulement 0,02%, selon la lettre de Mme Campbell. Mais tout dépendant de ce qu’on inclut sous l’étiquette « dégradation », la donne pourrait changer.

Des groupes environnementaux, qui avaient salué la nouvelle législation parce qu’elle avait la capacité de rehausser les normes mondiales en matière de protection des forêts, ont réagi vivement à la lettre de l’ambassadrice canadienne. « Il est dommage que le Canada travaille à miner la plus importante législation sur les forêts que nous ayons vue dans la dernière décennie », déclare au quotidien britannique The Guardian le directeur du groupe environnemental américain Mighty Earth.

La question risque donc d’être sur le tapis pendant la COP15, surtout considérant la réputation mitigée acquise par le Canada ces dernières années, à la fois défenseur de l’environnement et producteur d’énergies fossiles.

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