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Quelle est la plus grande cause féministe de l'heure? Le réchauffement climatique, a écrit la semaine dernière l’auteure pakistanaise Fatima Bhutto. Parce que ce sont les femmes qui, si rien n'est fait, vont en souffrir le plus. 

Même le rapport synthèse du GIEC, publié le 20 mars —ce document qui a fait la synthèse de ces synthèses qu’étaient les trois volumes du 6e rapport— y faisait allusion : les impacts sociaux des changements climatiques ne frapperont pas de façon égale les hommes et les femmes. Que ce soit l'accroissement de la pauvreté dans les régions les plus vulnérables, Les déplacements de populations ou bien les violences sexuelles à cause des conflits armés ou de l’instabilité en général: destruction d’habitations, pertes des revenus à cause des inondations ou des canicules, santé des familles et insécurité alimentaire…

Et Fatima Bhutto, écrivant dans The Guardian le 26 mars, pouvait en parler en connaissance de cause avec son pays, le Pakistan, où un tiers du territoire a été sous l’eau, à un moment ou à un autre l’été dernier. « Deux millions de maisons ont été détruites, des milliers d’acres de terres agricoles ont été inondés et 90% des récoltes dans le Sindh, une ceinture alimentaire, ont été détruites. » De 30 à 50 millions de personnes ont été déplacées. Et à travers le monde, 80% des personnes déplacées sont des femmes, selon un rapport de 2022 de l’agence des Nations unies pour les droits humains.

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« La justice climatique est un enjeu féministe mondial. Il n’y a pas de plus grande cause féministe aujourd’hui que de sauver la planète et de nous sauver. »

Certes, les inondations catastrophiques au Pakistan ont affecté toutes les régions et toutes les classes de la société. Mais les femmes et les enfants sont plus à risque de mourir dans une catastrophe naturelle. « Une des raisons, écrit Bhutto, est qu’elles sont souvent le groupe avec le moins de ressources à leur disposition lors d’une urgence. » Dans le cas des inondations du Pakistan, 700 000 femmes enceintes ont été privées de suivis médicaux et les fausses couches ont grimpé en flèche. Lors des sécheresses en Ouganda et des cyclones du Bangladesh, les Nations unies ont en plus rapporté une hausse des cas de violences conjugales et d’abus sexuels.

Et ce n'est pas la première fois qu'on entend de telles alertes. Un rapport d’ONU Femmes —agence consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes— en février 2022 parlait de l’inégalité des sexes et des changements climatiques comme « des enjeux étroitement liés ». Le média spécialisé Carbon Brief avait produit en 2020 une compilation de données montrant comment les changements climatiques affectent « de façon disproportionnée » la santé des femmes. L’Accord de Paris en 2015 prévoyait des sommes supplémentaires pour soutenir les femmes, affectées plus durement par les impacts déjà en cours. Même aux États-Unis, on avait noté après l’ouragan Katrina, en 2005, que les Afro-américaines représentaient le groupe le plus affecté par les inondations en Louisiane.

Bref, les facteurs en cause sont connus depuis longtemps: un peu partout dans le monde, les femmes sont plus à risque de vivre dans la pauvreté et sont plus souvent en charge des plus vulnérables —enfants et personnes âgées. Dans plusieurs pays, elles n’ont pas accès aux mêmes droits ni aux mêmes protections légales. Toutes des inégalités que l’accélération des crises climatiques risque d’exacerber, dénonçait le groupe militant Global Citizen en mars 2020 —juste avant que ne commence la pandémie.

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