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Des nouvelles trompeuses sur les vaccins contre la COVID ont fait plus de tort que des fausses nouvelles sur les vaccins. Du moins, sur Facebook, concluent des chercheurs à partir de l’analyse de nouvelles dont certaines avaient été étiquetées « fausses ». 

Et parmi ces nouvelles trompeuses, on trouve des manchettes de vrais médias, comme par exemple « Un nombre étonnant de travailleurs de la santé refusent la vaccination contre la COVID », publié par le magazine économique Forbes. Certains de ces titres ont donné lieu à des messages viraux sur Facebook, et ont peut-être plus contribué à l’hésitation vaccinale que les fausses nouvelles, écrivent trois chercheurs de l’École de gestion du Massachusetts Institute of Technology et de l’Université de Pennsylvanie. Leur étude est parue le 31 mai dans la revue Science

Les chercheurs ont analysé l’impact de plus de 13 000 messages sur les vaccins publiés sur Facebook entre janvier et mars 2021 (soit au tout début de la campagne de vaccination) et qui contenaient un hyperlien. Ils se sont intéressés à la pratique instaurée par Facebook en 2016-2017, d’ajouter une notification à un message lorsque celui-ci avait été démontré faux par un des médias de vérification des faits « accrédités » par leur association internationale (IFCN). Le constat des chercheurs est que cette notification a eu un impact positif: le message a beaucoup moins circulé sur les fils des usagers (c’est ce qu’avait promis Facebook en instaurant cette pratique, après les élections présidentielles américaines de 2016). 

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Mais les contenus trompeurs, eux, n’étant pas étiquetés « faux », ils ont continué d’être partagés sans entraves. Et il est même possible que, parce que ces contenus faisaient souvent appel à une émotion (la peur des vaccins, par exemple), ils aient été encore plus souvent partagés. Les trois auteurs estiment l’impact de ces manchettes comme étant 46 fois celui des fausses nouvelles, mais ils se basent pour cela uniquement sur le nombre de gens qui ont vu ces manchettes: ils ne peuvent pas dire combien y ont cru. 

Dans tous les cas, l’impact des nouvelles « trompeuses » pourrait être passé sous le radar des chercheurs qui, ces dernières années, ont surtout analysé la désinformation sur les réseaux sociaux à partir des partages des nouvelles qui sont carrément fausses.

La faute est-elle du côté des médias, qui n’ont pas prévu la portée de tels titres, ou du côté des désinformateurs, qui ont utilisé le fait que de tels titres provenaient de médias crédibles pour les citer hors contexte ? Les chercheurs ne se prononcent pas, mais reconnaissent que plusieurs de ces manchettes citées sans fournir de contexte (par exemple, un « nombre étonnant » de travailleurs de la santé peut malgré représenter un très petit pourcentage) vont opportunément alimenter des « récits trompeurs ». 

En plus du fait qu’un très grand nombre d’usagers des réseaux sociaux ne lisent que les titres…

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