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La mélatonine suscite de l’intérêt chez les insomniaques et les voyageurs qui souffrent de fatigue liée au décalage horaire. Ces suppléments sont-ils efficaces et sans danger ? Peuvent-ils aider les enfants à trouver le sommeil ? Le Détecteur de rumeurs a enquêté.


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Qu’est-ce que la mélatonine ?

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La mélatonine est une hormone sécrétée par la glande pinéale (également appelée épiphyse) située dans le cerveau. Elle est produite à forte concentration le soir et à faible concentration le jour, et elle contribue à maintenir le rythme veille-sommeil (appelé aussi horloge biologique ou rythme circadien). La mélatonine existe aussi sous forme synthétique : au Canada, plus d’une centaine de produits de mélatonine sont homologués comme produits de santé naturels.

1) Elle favorise l’endormissement

La mélatonine peut agir sur le cerveau de deux façons : elle peut favoriser le sommeil ou aider à synchroniser le rythme circadien à celui du soleil.

Son effet bénéfique a surtout été mesuré sur les troubles du sommeil liés aux dysfonctionnements de notre horloge biologique, notamment les syndromes du retard ou d’avance de phase de sommeil (SRPS), où les personnes tardent à s’endormir et par conséquent, tardent à se réveiller. Le SRPS peut, à l’inverse, se caractériser par une avance de la phase de sommeil, où les personnes s’endorment tôt dans la soirée et se réveillent très tôt le matin. Dans les deux cas, la mélatonine agirait en remettant l’horloge biologique à l’heure. Plusieurs études, dont une méta-analyse de neuf essais publiée en 2010, concluent à l’efficacité de la mélatonine dans le traitement du syndrome de retard de phase.

Par ailleurs, Santé Canada reconnaît la mélatonine comme traitement des troubles du sommeil chez l’adulte.

2) Elle n’est pas une solution à l’insomnie

La mélatonine diminue le temps d’endormissement, mais n’améliore pas de façon notable la qualité et la durée du sommeil, selon plusieurs études. Selon une revue de 35 essais contrôlés randomisés et publiée en 2014, son efficacité serait limitée. Une méta-analyse parue en 2005 notait que la mélatonine induirait de la somnolence et du sommeil, et pourrait améliorer les troubles du sommeil, mais les mesures d’évaluation du sommeil et les doses de mélatonine sont souvent très variables d’une étude à l’autre ce qui rend la comparaison des résultats difficiles. La mélatonine aurait aussi des effets modestes sur la qualité du sommeil des travailleurs de nuit.

La courte vie de la mélatonine — après 20 minutes, le corps l’a pratiquement éliminée — expliquerait en partie cette efficacité limitée. Son effet d’endormissement est rapide et transitoire, et d’une durée de trois à quatre heures. De plus, la mélatonine doit être prise à un moment et à un dosage précis qui sont difficiles à établir puisqu’ils varient d’une personne à une autre. La mélatonine fonctionne donc très bien chez certains et a des effets nuls chez d’autres.

Les insomniaques chroniques seraient de ceux qui ne bénéficient pas des bienfaits de la mélatonine. Du moins, aucune étude n’a jusqu’à présent montré d’effet significatif sur ces sujets.

3) Elle prévient les effets du décalage horaire

Les auteurs d’une synthèse de neuf essais cliniques avec placebo publiée en 2002 par Cochrane, un réseau mondial de chercheurs en santé, concluaient que la mélatonine, prise près de l'heure du coucher (de 22 h à minuit) une fois arrivé à la destination, diminuait les effets du décalage horaire chez le voyageur dont le vol avait traversé cinq fuseaux horaires ou plus. Et son utilisation occasionnelle à court terme semblerait sans danger. En 2009, une synthèse de 14 essais concluait également que la mélatonine peut être bénéfique pour les voyageurs et qu’il est possible d’en augmenter l’efficacité en se couchant plus tôt ou plus tard.

4) Elle ne provoque pas d’effets indésirables à court terme

La mélatonine est jugée sécuritaire à court terme, que ce soit chez l’adolescent, chez l’enfant, chez le fœtus ou chez le bébé allaité.

Quelques effets indésirables à court terme ont été rapportés, tels que : nausées, maux de tête, crampes abdominales, diarrhée, étourdissements, somnolence, diminution de la vigilance, insomnie, cauchemars. Ces effets sont toutefois rares et, dans la plupart des études, ne sont pas jugés supérieurs à ceux du placebo. Le peu d’études à long terme limite les connaissances sur l’efficacité et sur l’innocuité de la mélatonine lorsqu’elle est prise sur une longue période de temps.

Elle est aussi contre-indiquée chez les personnes atteintes de troubles immunitaires en raison de sa capacité à stimuler ou freiner les réactions du système immunitaire.

5) On n’a pas de lignes directrices pour les enfants

Les études sur l’efficacité de la mélatonine sur le sommeil des enfants sont contradictoires en raison de la diversité des sujets et des différences quant à la posologie, le moment où les études ont eu lieu et les méthodologies choisies. C’est pourquoi il n’existe pas de lignes directrices pédiatriques claires sur le sujet, indiquent la Société canadienne de pédiatrie et le Collège des médecins de famille du Canada. D'ailleurs, Santé Canada recommande la mélatonine pour traiter les troubles du sommeil chez l'adulte uniquement.

Malgré tout, parmi les médicaments étudiés pour traiter l’insomnie chez les enfants, seule la mélatonine est considérée comme sécuritaire et efficace pour un usage à court terme. Des études sur de petits groupes d’enfants (62 et 40) de 6 à 12 ans souffrant d’insomnie ont montré que la mélatonine réduisait la période d’endormissement et allongeait la durée du sommeil. Il n’existe pas de données probantes pour appuyer l’utilisation de la mélatonine chez les enfants de moins de deux ans.

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