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Le poisson est parmi les aliments les plus consommés au monde. Et avec lui, revient périodiquement une crainte, celle de la contamination au mercure. Devrait-on éviter d’en consommer ? Le Détecteur de rumeurs revient sur cette vieille inquiétude.


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L’origine de l’inquiétude

Dans les années 1950, une contamination au mercure à Minamata, ville côtière du Japon, a été identifiée comme étant la source d’importants problèmes neurologiques dans la population — et de 14 décès. Le bilan, des années plus tard, serait estimé à 3000 malades. Dès le début, on s’était rendu compte que ceux-ci provenaient surtout des familles de pêcheurs : leur alimentation en poissons et fruits de mer avait donc rapidement suscité des soupçons. On a fini par identifier, en 1959, une contamination au mercure dans le poisson, causée par les déversements, depuis les années 1930, d’une des plus grandes usines de produits chimiques du pays.

Cette catastrophe est demeurée longtemps dans l’imaginaire collectif, explique Dave St-Amour, professeur à l’UQAM, qui s’intéresse à l’effet des contaminants environnementaux sur le cerveau. La « maladie de Minamata » a laissé l’impression que la consommation de poisson était dangereuse. « À Minamata, ces concentrations étaient toutefois 1000 à 10 000 fois plus élevées que ce que l’on mesure normalement », souligne-t-il.

Tous les poissons ne sont pas égaux

Au-delà de cette catastrophe, il faut se rappeler que la teneur en mercure varie selon le type de poisson.

Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), la concentration maximale de mercure permise dans la chair comestible des poissons vendus en épicerie est de 0,5 mg/kg. Tous les échantillons de poissons disponibles sur le marché et analysés par le MAPAQ entre 2011 et 2016 ont été jugés conformes à cette norme. Les poissons pêchés dans le cadre de la pêche sportive ne sont toutefois soumis à aucun contrôle.

Plusieurs espèces ont donc des teneurs en mercure plus élevées, rappelle notamment le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques. En général, la concentration de mercure d’un poisson augmente en fonction de son rang dans la chaîne alimentaire. Autrement dit, les prédateurs qui mangent beaucoup d’autres poissons contenant eux-mêmes du mercure, sont plus à risque. Ainsi, les « proies » comme la truite, le saumon ou la morue, renferment peu de mercure, tandis que l’espadon, le requin et certains types de thons, en contiennent plus. Santé Canada recommande d’ailleurs aux Canadiens de ne pas consommer plus de 150 g de ces poissons par semaine. Les femmes enceintes et les jeunes enfants devraient être encore plus prudents.

Il faut aussi rappeler la question des zones forestières inondées, par exemple à la suite de la construction de grands barrages: on y a observé depuis longtemps des concentrations de mercure plus élevées dans la chair des poissons. C’est le cas par exemple, au Québec, des réservoirs Gouin et Baskatong. La concentration n’est pas suffisante pour que les experts recommandent de ne pas consommer de poisson, mais plutôt d’en limiter la consommation.

Des bienfaits qui surpassent les risques

Une recherche internationale portant sur les dossiers médicaux de plus de 400 000 personnes concluait en 2018 que la consommation de poisson réduisait significativement la mortalité associée à plusieurs conditions, dont les maladies cardiovasculaires et l’Alzheimer. Les chercheurs croient que cette réduction de la mortalité s’expliquerait par la teneur élevée des poissons en acides gras omega-3, qualifiés de bénéfiques pour la santé cardiovasculaire, du moins chez les personnes à haut risque.

Dans un rapport conjoint de 2010, l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation (FAO) insistaient également sur les avantages associés à la consommation de poisson pour lutter contre les maladies cardiovasculaires, affirmant que les avantages dépassent les risques.

 

 

Crédit photo: Truite arc-en-ciel. Source: pikist.com

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