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Une bougie qui brûle envoie dans l’air différents produits chimiques. Ceux-ci peuvent-ils nuire à la santé? Le Détecteur de rumeurs fait la lumière sur cette question.


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L’origine de la rumeur

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Une bougie allumée met en jeu un phénomène de combustion, au même titre qu’un feu de cheminée ou que la cuisson d’un aliment dans la poêle. Quelque chose sert de « carburant » (ou de combustible): ici, c’est la cire de la bougie, et la mèche la transporte par capillarité jusqu’à la flamme.

La combustion incomplète mène à la production de suie qui se forme dans les régions riches en combustibles de la flamme et qui peut s’échapper en raison des mouvements horizontaux d’air à proximité. De plus, une combustion implique généralement de l’oxygène: on parle alors d’oxydation. La lumière jaune iridescente d’une chandelle est d’ailleurs due à l’oxydation de la suie.

Le même phénomène se produit lorsqu’on brûle du bois, mais la particularité d’une bougie, c’est que la cire contient aussi des substances organiques. Celles-ci sont relâchées dans l’air, sous diverses formes qui s’avèrent parfois potentiellement toxiques. Et c’est de là que viennent les inquiétudes de certaines personnes.

Des polluants dans l’air

En 1999, des chercheurs américains ont analysé la combustion des bougies dans les églises. Ils ont observé la production de particules très fines (diamètre inférieur à 1000 nm, soit 1 millième de millimètre) et ultrafines (diamètre inférieur à 1 nm). Ces particules en suspension peuvent causer des problèmes de santé.

Des études réalisées en Suède en 2009 et en Italie en 2013 ont observé le même phénomène. Dans le cas de l’étude italienne, deux chandelles sur trois ont émis des concentrations de 27 à 98 microgrammes de particules fines (1 microgramme = 1 millième de de milligramme) par mètre cube (on dit µg/m3). La limite recommandée est de 25 µg/m3.

Selon l’étude de 1999, une proportion importante de ces particules était composée de carbone élémentaire. Des chercheurs de Malte ont d’ailleurs observé en 2022 que l’utilisation de bougies était l’activité domestique qui contribuait le plus à l’émission de particules de carbone. Les concentrations atteignaient alors 62 µg/m3.

Des substances appelées composés organiques volatils (COV) peuvent aussi être émises lors de la combustion. Des études réalisées en France, en Corée du Sud et en Italie entre 2012 et 2015 ont remarqué que les bougies pouvaient être une source plus ou moins importante de COV. Dans l’étude italienne, la concentration dans l’air était de 3,5 µg/m3 pour le formaldéhyde, de 0,15 µg/m3 pour le benzène et 0,4 µg/m3 pour le benzo[a]pyrène. On était donc loin en-dessous des limites recommandées pour ces substances, qui sont respectivement de 100 µg/m3, 5 μg/m3 et 1 µg/m3.

L’étude sud-coréenne, de même que le rapport des associations de fabricants de chandelles, ont également détecté la production de formaldéhyde par les bougies. Cette substance serait présente en particulier lors de la combustion des chandelles parfumées.

Cependant, selon un rapport de laboratoire commandé par plusieurs associations de fabricants de chandelles, les émissions de COV attribuables aux bougies sont très faibles et nettement inférieures aux normes de qualité de l’air.

Enfin, certaines chandelles peuvent augmenter la concentration de plomb dans l’air si leur mèche en contient, concluaient des chercheurs américains en 2002. En effet, les fabricants peuvent ajouter des fils métalliques contenant du plomb pour rendre la mèche plus rigide. Santé Canada souligne que ces mèches peuvent produire des vapeurs de plomb lorsqu’elles se consument, ce qui est nocif pour les enfants et les femmes enceintes.

Quels effets sur la santé?

Il semble donc clair que les chandelles peuvent émettre des polluants dans l’air. Cependant, cela peut-il affecter la santé humaine?

Deux études réalisées en 2014 en Allemagne et au Danemark ont observé une association entre l’exposition aux chandelles et la diminution de la fonction pulmonaire. Une étude réalisée en 2010, aussi au Danemark, n’a toutefois pas observé un tel lien.

Par ailleurs, une étude réalisée en 2014 en Suède a conclu que l’exposition aux chandelles affectait la variabilité du rythme cardiaque, un prédicteur du risque de maladies cardiovasculaires. Une étude de 2019 a également noté une réduction de la performance cognitive chez les participants qui avaient été exposés aux particules en suspension produites par des chandelles.

Toutefois, pour plusieurs de ces études, les participants ont été exposés en laboratoire à un nombre important de chandelles, c’est-à-dire entre 10 et 40 qui brûlaient simultanément.

En 2022, des chercheurs du Danemark ont étudié l’effet des chandelles en prenant le soin d’interroger les participants sur leur utilisation réelle, plutôt qu’en les exposant à des bougies en laboratoire. Ils n’ont alors observé aucun lien entre l’utilisation régulière de chandelles (plus de 4 fois par semaine) et des incidents cardiovasculaires ou respiratoires.

En 2014, une équipe internationale de chercheurs avait d’ailleurs conclu que dans des conditions normales d’utilisation, les bougies parfumées ne devraient pas poser de risques pour la santé des consommateurs en raison de leur impact modéré sur la qualité de l’air. Les scientifiques français soulignent pour leur part que la concentration de particules dans l’air cesse d’augmenter lorsqu’on éteint la chandelle et que cette concentration diminue en quelques heures, notamment grâce à la ventilation.

Privilégier les chandelles de qualité

Selon les chercheurs italiens, la pureté de la cire pourrait influencer l’émission de COV. Par exemple, l’ajout d’huile à la paraffine augmenterait l’émission de certains COV comme le benzène, le toluène et le xylène. Les fragrances dans les chandelles parfumées seraient aussi responsables de l’émission d’aldéhyde. Enfin, le contenu en soufre entraîne des émissions de SO2 (dioxyde de soufre). Les chercheurs suédois ajoutent que les colorants dans la cire peuvent contenir des métaux lourds.

L’origine même de la cire peut affecter le type de polluants, de même que la quantité produite.

Selon les chercheurs suédois, la façon dont la chandelle brûle influence également les émissions de particules. Lorsque la combustion de la flamme est régulière, elle émet surtout des particules ultrafines. Si la flamme vacille en raison des courants d’air, les particules émises seront plus grosses et composées en majorité de carbone élémentaire puisque les mouvements d’air horizontaux permettront à la suie de s’échapper. Quand la chandelle s’éteint, elle produit une fumée blanche composée surtout de matière organique.

Enfin, le nombre de chandelles est aussi important. Par exemple, des chercheurs polonais ont étudié en 2013 l’effet des chandelles sur la qualité de l’air dans les cimetières, lors des cérémonies de la Toussaint. Ils estiment que de 50 à 100 chandelles brûlaient alors sur certaines tombes. Malgré qu’on soit à l’extérieur, ils ont observé une hausse significative des concentrations de benzène et de toluène dans l’air.

Verdict

Les chandelles produisent bien des polluants dans l’air. Cependant, brûler un nombre raisonnable de chandelles de qualité dans une pièce bien ventilée reste en-dessous de ce qui est considéré comme un risque pour la santé.

 

Photo: George Hodan / PublicDomainPictures / CC0

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