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Devenir végétalien en hiver, au Québec, représente un défi: la plupart des fruits et légumes ont voyagé sur de longues distances. Serait-ce pire pour le climat qu’un régime omnivore avec des aliments produits près de chez nous? Le Détecteur de rumeurs et Unpointcinq ont examiné la question.


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Vaut-il mieux manger local ou végétal? « C’est un défi, d’importer des produits maraîchers », rappelle l’analyste à Polytechnique Montréal Dominique Maxime, aussi chercheur au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG). « Logo UnpointcinqIl faut que les fruits et légumes arrivent à destination en ayant l’air d’avoir été récoltés le matin même. On doit donc les réfrigérer tout au long du transport, ce qui ajoute à la quantité de gaz à effet de serre (GES) produits. »

Si bien que, selon une estimation parue en 2010, 40% du diesel consommé pendant le transport des aliments est alloué au système de réfrigération.

L’étudiante Corinne Côté a comparé en 2018, dans le cadre de sa maîtrise en environnement à l’Université de Sherbrooke, l’empreinte carbone d’un régime végétalien avec celle d’un régime locavore – qui comportait des aliments produits dans un rayon de 160 km – et ce, en plein mois de janvier. Elle a donc calculé et comparé la quantité de GES associée à chaque aliment des deux menus pendant sept jours.

Verdict : « Même si les aliments viennent de loin [ils parcourent en moyenne 4000 km], une semaine de régime végétalien en janvier produit moins de gaz à effet de serre que le menu locavore ». « Les quantités de GES émis pour une semaine de régime en fonction des recommandations du Guide alimentaire canadien étaient 13,8 % supérieures pour le régime locavore », note Corinne Côté dans son texte

Infographie - Manger végétal ou local

Ces résultats rejoignent d’autres recherches qui, ces dernières années, ont elles aussi conclu que le fait de manger végétalien a moins d’impact sur le climat que de manger local.

Même s’ils sont produits localement, certains aliments, dont le bœuf haché et le cheddar, font rapidement grimper la facture climatique. Tant et si bien que le tiers de l’empreinte carbone des locavores québécois en janvier provient de la viande et des produits laitiers.

Les émissions de GES provenant de la viande rouge viennent majoritairement de la phase de production. Le transport, quant à lui, a peu d’effets sur les émissions totales. Selon la plus grande méta-analyse des systèmes alimentaires mondiaux à ce jour, publiée dans la revue Science en 2018, le transport représenterait moins de 1 % des émissions du bœuf. La viande joue donc un grand rôle sur l’empreinte carbone de notre assiette, qu’on l’achète au producteur du coin ou qu’elle vienne de loin.

Ainsi, un omnivore qui devient végétarien réduit ses émissions de GES de 800 kilogrammes d’équivalent CO2. Si tous les Québécois qui ne sont pas déjà végés choisissaient de limiter leur consommation de viande et produits laitiers, ils éviteraient la production de 5,8 millions de tonnes d’équivalent CO2 en un an.

Dans tous les cas, été comme hiver, changer son alimentation est reconnu comme étant l’une des façons les plus simples et les plus efficaces de réduire ses émissions de GES, qu’on opte pour des aliments locaux, des protéines végétales ou une combinaison des deux.

 

Ce texte est une adaptation d’un article du média de l’action climatique au Québec Unpointcinq, qu’on pourra lire ici.

 

- Aurélie Lagueux-Beloin

 

Photo: PxHere / CC

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