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La pandémie de Covid-19 ne semble pas prendre fin avec ses vagues qui se succèdent au gré des variants. Le coronavirus n’a pas dit son dernier mot et il faut continuer de se protéger des microgouttelettes qui le transportent. C’est particulièrement pertinent pour le personnel médical qui côtoie des patients et qui pourraient recevoir sur leur blouse ou leur masque de ces gouttelettes infectées. Pour y remédier, Phuong Nguyen-Tri, professeur au département de chimie, biochimie et physique de l’Université du Québec à Trois-Rivières, a eu une idée : imprégner le textile des blouses et des masques de nanoparticules d’argent ou de cuivre.

L’idée n’a rien de farfelue. Comme le dit Phuong Nguyen-Tri, « l'argent est un agent antimicrobien reconnu. Depuis longtemps, on utilise des pièces d’argent pour conserver du lait ». Quant au cuivre, une étude publiée au début de la pandémie montrait que la demi-vie du SRAS-CoV2 sur ce métale était de 4 heure alors qu’elle avoisinait 48 et 72 heures sur l’acier inoxydable et le plastique, respectivement. En intégrant des nanoparticules d’argent ou de cuivre au textile, Phuong Nguyen-Tri espère donc réduire la survie du coronavirus à sa surface. Le professeur a contacté NanoBrand inc[1] et Tekna inc. qui respectivement fabriquent des nanoparticules d’argent et de cuivre, et obtenu une subvention de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) pour le développer.

En pratique, il s’agit de tremper le textile dans une solution de nanoparticules pour que celles-ci s’adsorbent à la surface du textile et ensuite de vérifier la survie du coronavirus sur le textile imprégné de nanoparticules. C’est le travail de Nhu Nang Vu, stagiaire post-doctoral au laboratoire de Phuong Nguyen-Tri. Son défi est de déterminer les conditions de trempage optimales, en jouant par exemple sur la concentration en nanoparticules et la durée de trempage, sachant que les paramètres varient avec les textiles testés. Il travaille avec du coton dont sont faites les blouses d’hôpital et du polypropylène qui compose les masques. Sur le coton, l’adsorption des nanoparticules est facilitée par la présence de groupements fonctionnels en surface mais pour le polypropylène, il faut un traitement au plasma pour former des groupes fonctionnels. Au microscope à balayage électronique combiné à la spectroscopie à dispersion d’énergie, Nhu Nang Vu peut ensuite déterminer le pourcentage atomique de nanoparticules adsorbées. Les propriétés antimicrobiennes du textile sont ensuite testées avec le HCoV-OC43, un cousin du SRAS-CoV-2. C’est alors que Nhu Nang Vu annonce les résultats de sa recherche : « Pour l’argent, la concentration optimale de nanoparticules adsorbées est 0,2 % pour une élimination de 99,8 % du virus après 20 minutes ». « On s'attend à la même efficacité avec le SRAS-CoV2 parce que c'est aussi un virus qui enveloppe et le mécanisme est le même », anticipe Phuong Nguyen-Tri.

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Il reste encore des étapes à franchir pour vérifier notamment que l’efficacité persiste après des expositions répétées au coronavirus et aussi que les blouses supportent le passage à la machine à laver.

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