
Etre victime d’un empoisonnement alimentaire ne met pas seulement quelqu’un sur le carreau pendant des heures, voire des jours. Ça laisse des traces dans le cerveau.
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Du moins, dans le cerveau des souris, ont constaté des chercheurs de l’Institut des neurosciences de l’Université Princeton. Dans leur article publié en avril dans la revue Nature, ces 18 auteurs décrivent un parcours neuronal qui semble être une signature propre à un empoisonnement alimentaire.
S’il s’avère que l’équivalent se produit dans notre cerveau, ça pourrait expliquer pourquoi on se souvient aussi bien d’un tel événement. Et ça pourrait même être quelque chose qu’on doit à l’évolution: il s’agirait d’un mécanisme par lequel le cerveau s’assure que l’animal ne commettra pas deux fois la même erreur.
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Mais le mécanisme qu’ils décrivent est inédit, parce qu’il peut s’écouler un long moment entre l’absorption d’un aliment et les premiers symptômes d’un empoisonnement. D’ordinaire, les mécanismes étudiés par les neurosciences sont ceux qui permettent une relation de cause à effet directe : par exemple, la souris appuie sur un lever, et elle reçoit immédiatement une récompense.
La clef du mystère semble être dans une région du cerveau appelée l’amygdale: une région qui reçoit continuellement des informations de nos cinq sens qu’elle doit évaluer. Par exemple, c’est de là que nous vient le « signal d’alarme » lorsque notre nez ou nos papilles gustatives nous avertissent immédiatement de ne pas manger un aliment.
Dans leurs expériences sur des souris, ces chercheurs leur ont fait boire un liquide sucré —du Kool-Aid aux raisins— et leur ont injecté, 30 minutes plus tard, une substance qui leur donnait la nausée. Malgré l'écart de 30 minutes, leur cerveau a manifestement fait l’association avec le Kool-Aid aux raisins: par la suite, les souris évitaient systématiquement cette boisson chaque fois qu’on leur en offrait. Et leur cerveau a révélé une signature typique de ce « signal d’alarme » auquel on se serait attendu.