
Il y a peu, une équipe australienne de paléontologues a découvert les restes d'un sauropode, un de ces grands dinosaures herbivores qui vivait à l'époque du Crétacé. Ce qui rend leur trouvaille particulière tient au fait qu'avec certains os se trouvait fossilisé le contenu stomacal de l'animal. Une première en ce qui concerne ces géants de cette époque.
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Sans grande surprise, les chercheurs ont pu identifier différentes espèces végétales comme on pouvait s'y attendre en lien avec le régime alimentaire d'un herbivore. Ils ont constaté que plusieurs spécimens végétaux du contenu intestinal sont cassés ou effilochés, lesquels auraient été cisaillés en accord avec l'hypothèse d'une mastication limitée, voire absente. Ce fait était supposé de longue date compte tenu de ce que l'on savait de leur dentition. Dès lors se pose la question de savoir comment s'effectuait la digestion de ces végétaux qui étaient ingurgités sans être broyés, ce qui a amené certains spécialistes à supposer que ces gros animaux pouvaient avaler des pierres de façon à ce qu'elles puissent servir de broyeurs dans leur système digestif. Or, aucune de ces pierres, qu'on nomme gastrolithes, n'a été retrouvée dans le contenu stomacal fossilisé. Dès lors, ces observations appuient plutôt l'hypothèse d'une fermentation faisant intervenir une microflore bactérienne pour le processus de la digestion.
Les restes du sauropode Diamantinasaurus matildae retrouvés dans la formation géologique de Winton, dans le Queensland australien, sont datés du Cénomanien, au Crétacé supérieur (de -101 Ma à -94 Ma). Cela nous conduit à l'idée que cette symbiose microbienne, dans l'intestin d'une espèce animale, daterait au moins d'une centaine de millions d'années. On peut imaginer qu'elle se serait manifestée, déjà à cette époque, chez plusieurs autres espèces animales, parmi lesquelles les premiers mammifères, de sorte que cette symbiose aurait pu évoluer de cette période lointaine jusqu'à nos jours.
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C'est important, car cette durée évolutive est alors susceptible d'avoir permis l'émergence, pour un pareil phénomène symbiotique, de propriétés nouvelles, telle que l'interaction avec le système nerveux central de l'animal hôte au point où certaines bactéries puissent se retrouver en mesure de traiter de l'information conjointement avec le système neuronal et astrocytaire d'un rongeur actuel ou d'un humain.