
La fin du monde n’a donc pas eu lieu le mois dernier, contrairement à une croyance qui a beaucoup fait parler d’elle. Les personnes « choisies » ne sont pas montées au ciel. Mais le Détecteur de rumeurs s’est demandé si on pouvait vraiment parler d’une croyance virale, ou si l’idée n’avait pas été popularisée par des gens qui voulaient s’en moquer.
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L’origine de la rumeur
Le 23 ou le 24 septembre dernier, aurait dû avoir lieu un épisode appelé « enlèvement » ou, en anglais, rapture. Les croyants, autant les vivants que les ressuscités, auraient dû monter au ciel en compagnie de Jésus. L’annonce de cette date était une vidéo mise en ligne en juin par le Sud-Africain Joshua Mhlakela, vidéo qui est devenue virale en septembre.
Ce qui est vrai
La vidéo a dépassé les 600 000 vues. Google Trends montre une hausse soudaine de l’intérêt pour le mot-clef « rapture » dans la semaine du 14 septembre. Et surtout, le sujet a inspiré la création de dizaines de milliers de vidéos et de mèmes sur TikTok utilisant les mots-clefs #RaptureTok et #RaptureNow.
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Ces chiffres ne permettent toutefois pas d’affirmer que tous ces gens y ont cru. Plusieurs de ces vidéos se moquent ouvertement de la croyance, rapportait un article du magazine Fast Company le 22 septembre. Par exemple, certaines donnent des conseils sur les vêtements qu’il faudra porter pour s’ajuster à nos nouvelles ailes d’ange. D’autres expliquent de laisser les mots de passe de son téléphone faciles à trouver, pour nos proches qui seront abandonnés sur Terre.
Mais des gens y ont bel et bien cru, comme Melissa Johnston dont la vidéo (aujourd’hui non disponible) faisait part de ses préparatifs (lettres à ses proches, bibles à distribuer, etc.). Plusieurs se sont montrés inquiets, demandant tout haut si leurs enfants allaient monter au ciel avec eux, ainsi que leurs chiens et chats. Certains auraient vendu leur voiture et quitté leur emploi.
Combien sont-ils vraiment?
Il est difficile de savoir quel pourcentage ces vrais croyants représentent, parmi les millions de personnes qui ont été exposées à ces vidéos. Mais des enquêtes sur les croyances religieuses apportent une partie de la réponse. Ainsi, selon une étude du Pew Research Center réalisé en 2022, 39% des Américains croient que « nous vivons près de la fin des temps ». Les chrétiens sont plus nombreux (47%) et, parmi eux, les chrétiens évangéliques (63%) sont encore plus nombreux. Lorsqu’on leur demande si le retour de Jésus va se produire de leur vivant, 10% de la population adulte dit en être convaincue (21% chez les chrétiens évangéliques). Il n’est pas clair si cette croyance s’accompagne à tous les coups de la croyance en une ascension vers le ciel en compagnie de Jésus.
Lors du dernier recensement, en 2020, la population adulte des États-Unis était de 258 millions. Si 10% d’entre eux sont convaincus de ce retour imminent, cela signifie que 25,8 millions de personnes constituent une cible privilégiée pour un influenceur qui voudrait faire croire à l’imminence de cet événement.
Que s’est-il passé lorsque la montée vers le ciel n’a pas eu lieu?
Une fois la date fatidique passée, quelques personnes ont publié des vidéos exprimant leur déception ou leur chagrin. Le chanteur sud-africain Danie Botha s’est excusé auprès de son public pour y avoir cru. Joshua Mhlakela a déclaré que la date fatidique serait plutôt le 7 octobre. Au moment d’écrire ces lignes, une semaine après le 7 octobre, il n’était pas à nouveau intervenu publiquement sur le sujet.
On serait toutefois bien avisé de ne pas en rire, ont prévenu, depuis la mi-septembre, plusieurs analystes de ce phénomène. Les annonces récurrentes d’une fin du monde traduisent une insécurité, voire une fragilité psychologique, déclare par exemple dans le magazine Forbes la psychologue californienne Avigail Lev. Changements climatiques, explosion de l’IA, guerres, problèmes économiques: l’actualité offre plusieurs facteurs anxiogènes. « Ajoutez à cela l’épidémie de solitude et le déclin de confiance dans les institutions, et vous avez la tempête parfaite: des gens cherchent un récit unique et englobant auquel se rattacher. »