Neutrophile humain ingérant des staphylocoques dorés

Dans mon article précédent, je mettais de l'avant l'idée de faire évoluer en accéléré certains virus et, à partir d'une sélection de ceux-ci, d'en isoler une enzyme dans le but de les utiliser contre des bactéries multirésistantes aux antibiotiques. Dans cet article-ci, une autre idée est proposée pour aller plus loin dans cette voie.

Une plateforme moléculaire aux multiples enzymes

Un bref rappel d'abord. Il est toujours question ici de tenter d'accélérer l'évolution de virus bactériophages contrôlée en laboratoire en jouant sur la variation brusque de température, de luminosité et d'humidité auxquels on les soumet. Avant d'aller plus loin, je voudrais faire remarquer que l'idée de faire évoluer en accéléré des virus en laboratoire n'est pas une idée farfelue, elle a déjà été réalisée, il y a quelques années, dans le contexte de la pandémie covidienne. Dans une communication personnelle, Philippe Cloutier attirait mon attention sur un long article de Valérie Borde de novembre 2021. Elle y mentionne, entre autres, que  l’équipe de Paul Bieniasz, de l’Université Rockefeller, à New York, a fait évoluer en accéléré un faux coronavirus obtenu à partir d’un virus inoffensif auquel a été ajouté une séquence d’ARN pour le mettre ensuite en contact avec le sérum sanguin de personnes guéries de la COVID et observer ainsi que ce virus échappait aux anticorps de ces personnes. Ils ont pu déterminer ensuite quelles mutations avaient affecté le nouveau virus1.  

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Revenons au problème de l'antibiorésistance. Dans la lutte face aux bactéries contre lesquelles plus aucun antibiotique n'a d'effet, on en vient à utiliser des enzymes issues de virus bactériophages, les fameux enzybiotiques, lesquels peuvent perforer la paroi cellulaire des bactéries à éliminer. Si on obtient suffisamment rapidement plusieurs molécules différentes de ces «perceuses moléculaires», on peut penser évidemment les utiliser toutes en même temps. Vont-elles rester groupées et atteindre leurs cibles bactériennes pour un maximum d'efficacité? C'est possible, mais nous n'en sommes pas certains. Pourquoi alors ne pas s'inspirer de cette réalisation d'une équipe de recherche de l’Université de Buffalo, en collaboration avec une équipe de l’Université McGill? Cette collaboration a abouti à la création d'un outil moléculaire dont les retombées positives dans le domaine de l'immunologie risquent d'être appréciables : plusieurs protéines virales différentes ont pu être réunies à la surface d'un liposome présentant de façon groupée plusieurs antigènes dans le but d'obtenir un vaccin multiple2. Or, les enzybiotiques sont aussi des protéines virales. De là, des recherches pourraient mener à la création d'un liposome pouvant présenter à sa surface plusieurs enzybiotiques différents. Ainsi, on s'assurerait que les molécules en question restent groupées. Qui plus est, leur action de perforation sur la paroi bactérienne se produirait simultanément offrant de ce fait un double avantage : d'une part la lyse, la destruction des bactéries, surviendrait plus rapidement, mais aussi, et surtout, les bactéries seraient submergées par ce type d'attaque multiple auquel elles ne sont pas confrontées de façon naturelle; il leur serait alors difficile de muter pour s'y adapter. Les possibilités offertes par un tel outil pourraient éventuellement permettre aussi de modifier à volonté la sélection des enzymes virales différentes à réunir sur le même ribosome et obtenir ainsi de multiples combinaisons.

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