Les mers autour de la péninsule antarctique sont parmi les endroits les plus mystérieux au monde. Les créatures qui y vivent sont restées à l’abri des regards pendant des milliers d’années sous l’épaisse couche de glace qui les recouvraient. L’effondrement récent de quelques grandes plaques glaciaires a permis aux scientifiques d’aller y observer la vie.

Julian Gutt, spécialiste de l’Institut de recherche allemand Alfred Wegener sur la vie polaire et marine, a observé avec ses collègues pendant plus de dix semaines la vie sous-marine en Antarctique. Cette expédition était réalisable puisque deux immenses plates-formes de glace, nommées Larsen A et Larsen B se sont écroulées il y a quelques années en Antarctique. La rupture de ces plaques de glace a créé une ouverture sur la mer de la taille de la Jamaïque.

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Les chercheurs ont fouillé les 10,000 kilomètres carrés de cette ouverture à la recherche de la vie. En sondant jusqu’à une profondeur de 850 mètres le fond de la mer grâce à une caméra à distance, ils identifièrent près de 1000 spécimens, incluant 15 nouvelles espèces de crevettes.

Dans les eaux superficielles, ils repérèrent plusieurs créatures marines telles des oursins de mer, des concombres de mer et des lys de mer qui vivent normalement dans les profondeurs des mers. Ils identifièrent de nombreuses ascidies, ces petits animaux marins gélatineux en forme d’outre, qui se fixent par des prolongements aux objets environnants. Celles-ci réussirent probablement à coloniser la région Larsen B après que la glace se brisa en 2002. Les chercheurs observèrent aussi un nombre étonnant de baleines. «C’est très bon signe», affirme Dr Gutt. «L’écosystème en eau libre s’adapte très rapidement aux nouvelles conditions puisque des algues y croissent. Le krill se nourrit des algues et les baleines se nourrissent du krill». L’expédition a permis de répertorier les populations de poisson des îles au nord et à l’ouest de la péninsule antarctique. Le nombre de morues y est à la hausse alors que le «blackfin» et le flétan sont à la baisse.

Les scientifiques désiraient faire l’inventaire des créatures vivant dans ces eaux marines avant que l’écosystème ne se transforme. Car, déjà, les scientifiques ont constaté que, là comme ailleurs, la vie se modifie à cause du réchauffement climatique.

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