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La campagne électorale qui s’achève le 6 mai en Grande-Bretagne aura été le théâtre d’un nombre jamais vu d’initiatives visant à hisser le dossier « science » jusqu’à l’étage politique. De la prise de position de la Société royale jusqu’à un candidat qui, dans son comté, se présente sous l’étiquette d’un « Science party ».

Sa motivation : son député —qui a toutes les chances d’être réélu— prend position pour la reconnaissance de l’homéopathie comme un traitement valide et remboursable. En plus d'avoir utilisé son budget d’élu pour acheter un logiciel d’astrologie.

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C’était l’indignation dont avait besoin Michael Brooks pour sauter dans l’arène politique, du haut de son doctorat en physique. En plus de se mériter la Une de son journal local, le Hinckley Times, qui n’a manifestement pas vu souvent un « savant fou » se mêler de politique, Brooks a pondu jusqu’ici trois textes sur le blogue du magazine de vulgarisation britannique The New Scientist.

Mais cette candidature n’est que le dernier des événements de cette campagne où la science a eu droit à ses quelques minutes de gloire. La Société royale, forte de ses 350 ans d’histoire, avait donné le ton en publiant un rapport sur les retombées qu'auraient, sur l'avenir économique du pays, des investissements en science et en innovation.

Par ailleurs, depuis l’automne dernier, pas moins de trois débats publics ont été organisés entre le ministre britannique de la science et ses vis-à-vis des deux partis d’opposition —une première en Grande-Bretagne, elle qui n’avait d’ailleurs jamais eu non plus de débats des chefs télévisés.

Lors du dernier de ces débats, les trois candidats se sont par exemple entendus sur le fait que le président du Conseil du Trésor —un membre du conseil des ministres— devrait avoir son propre conseiller scientifique —une grosse avancée, considérant qu’au Canada, même le premier ministre n’a pas encore de conseiller scientifique.

Un groupe de promotion de la science, CASE, a de son côté lancé un blogue appelé The Science Vote —soit presque notre propre Je vote pour la science, à un pronom près! Entre autres choses, de nombreux candidats locaux y ont présenté en quelques paragraphes leur vision de la science —du jamais vu en Grande-Bretagne, et même dans la plupart des pays occidentaux.

Enfin, le quotidien The Guardian a formé un comité de scientifiques auquel il a demandé de formuler une série de 10 questions à poser aux chefs des principaux partis. Et les chefs ont répondu. L’initiative a peut-être été inspirée de Science Debate 2008 qui, aux États-Unis, faute d’avoir pu organiser un débat sur la science entre les candidats à la présidence, leur avait posé une série de questions à saveur scientifique —et les Barack Obama et John McCain avaient répondu dans les formats suggérés.

Selon Brooks, sur les 650 députés du Parlement britannique sortant, seulement 27 avaient un diplôme en science. Rien n’indique que la proportion va augmenter cette fois-ci. Mais d'autres parlements plus près de nous ne font guère mieux...

Mise à jour, 10 mai: En fin de compte, Brooks a obtenu 197 voix soit... 0,4% des voix. Il se dit heureux d'avoir fait passer son message. Le New Scientist, faisant un tour d'horizon des élections britanniques (pas juste ce comté!) titre: Science is the loser.

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