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Des chercheurs annoncent que le fait d’en savoir plus en science et en maths semble être un facteur qui contribue... à davantage nier les changements climatiques.

Surprise? Pas tout à fait, répliquent déjà des experts en sociologie ou philosophie des sciences (ou science studies). Tout d’abord, ces chercheurs, sous la gouverne de Dan Kahan de l'Université Yale, n’ont pas comparé des Einstein et des analphabètes, mais ont voulu plutôt départager ceux qui possèdent des connaissances scientifiques de base des autres — par exemple, en combien de jours la Terre tourne-t-elle autour du Soleil, ou bien un électron est-il plus petit qu’un atome? Ils ont aussi catégorisé leurs « cobayes » — 1540 personnes — en fonction de leurs valeurs culturelles : penchent-ils, politiquement, plus à gauche qu’à droite. Et enfin, ils leur ont demandé à quel point ils évaluaient le risque de voir la planète se réchauffer.

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Et c’est là qu’ils ont pu dégager des tendances. Les citoyens qui s’en sortaient mieux au test de connaissances scientifiques et mathématiques avaient plus de chances d’être aussi ceux qui rejetaient le risque du réchauffement planétaire. Ces sujets, lit-on, « étaient légèrement moins enclins à voir les changements climatiques comme une menace. »

Cette découverte va à première vue à l’encontre d’une croyance bien ancrée, qui veut que le rejet du consensus scientifique sur le climat soit le résultat d’une « ignorance ». De l’avis de nombre de climatologues en effet, si seulement on pouvait mieux « éduquer » nos contemporains, leurs opinions vacilleraient.

Mais il y a au moins 20 ans que cette croyance est rejetée par bien d’autres recherches, notamment en sociologie des sciences et en communications : on y souligne qu’une personne peut fort bien avoir acquis des connaissances pointues dans un domaine, sans que cela ne l’empêche de s’accrocher à une croyance irrationnelle. C’est ainsi qu’on voit, par exemple, des créationnistes brandir leurs diplômes en biologie ou en physique.

Dans les mots de Dan Kahan et de ses collègues : « notre motivation est en partie de montrer combien la vision traditionnelle de l’incompréhension du public est peu soutenue par les preuves ». Juriste de formation, il est à la tête du Cultural Cognition Project de l’Université Yale, dont la mission est d’essayer de comprendre comment les « biais » culturels d’une personne —ses préjugés, mais aussi la façon de penser de son groupe— influencent ses opinions (lire Si tu es individualiste, tu ne crois pas au réchauffement).

Ainsi, peut-on tenter de circonscrire ce qui fait qu’une personne choisira de s’accrocher à une croyance irrationnelle? L’idéologie est le suspect numéro un : les gens qui possèdent des connaissances scientifiques, mais qui sont aussi d’allégeance conservatrice, seront encore plus à risque de rejeter le réchauffement climatique.

Nos données démontrent qu’à mesure que les gens deviennent plus à l’aise avec la science et avec le mode de raisonnement de la science, ils ne forment pas des croyances qui soient adéquatement alignées avec le consensus scientifique. Au lieu de cela, ils forment des croyances qui sont plus fidèlement corrélées avec celles du groupe culturel particulier auquel ils appartiennent.

Une conclusion qui démolit les prétentions de beaucoup de scientifiques pour qui, si le public en connaît si peu sur le réchauffement, c’est de la faute aux médias. Dans les mots de Kahan et de ses coauteurs :

Si les gens sont en désaccord sur la science des changements climatiques, la principale raison n’est pas que ça leur a été communiqué d’une façon qu’ils ne peuvent pas comprendre. C’est plutôt que le fait de prendre position sur les changements climatiques touche à des valeurs —préoccupations du groupe versus autonomie de l’individu; humilité versus ingénuité; harmonie avec la nature versus sa maîtrise— qui divisent les gens en fonction de lignes culturelles. Se contenter d'amplifier ou de rendre plus claires les informations sur la science des changements climatiques, ne générera pas un consensus du public si les communicateurs échouent à prendre en compte les indices qui déterminent qu'est-ce que les perceptions du risque révèlent des prises de position de chacun.

La solution : comme le titre cette semaine le sociologue de l'environnement Andrew Hoffman, n’ignorez pas les climatosceptiques, parlez-leur différemment.

Ou : dialogue, dialogue, dialogue.

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