Pourquoi parle-t-on d’un seuil à ne pas dépasser?
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Pour le groupe environnemental 350.org, le seuil à ne pas dépasser, annonciateur de bouleversements climatiques, était plutôt 350 PPM —soit 350 parties par million de CO2 dans notre atmosphère. Et aux yeux des défenseurs de ce chiffre, il est bien possible que la fonte accélérée des glaces de l’Arctique et les événements météorologiques extrêmes des dernières années soient les deux signes avant-coureurs de ces catastrophes.
En revanche, pour la plupart des gouvernements qui ont convenu d’une limite à ne pas dépasser —les fameux 2 degrés Celsius d’augmentation dont on parle plus souvent— le seuil à ne pas dépasser serait plutôt 450. C’est un seuil arbitraire, choisi simplement, dans les années 1990, parce qu’il est le double du seuil où le CO2 s’était maintenu pendant des dizaines de milliers d’années, jusqu’au début de la révolution industrielle.
Zone grise ou frontière précise?
Cette incertitude entre 350 et 450 PPM témoigne qu’on est entré dans une zone grise où des changements irréversibles aux courants atmosphériques, aux glaces, au niveau des mers et à l’acidification des océans, se produiront en plus grand nombre. Irréversibles, mais impossibles à prévoir, faute d’avoir une deuxième planète qui puisse servir de laboratoire d’expérimentation.
De plus, même si toute production de gaz à effet de serre devait s’arrêter demain matin, ce que nous avons émis continuera de s’accumuler là-haut pendant quelques décennies encore, ce qui ajoute à l’incertitude.
Comment savoir si nous atteindrons 450 ou même plus?
C’est relativement facile pour les amateurs de maths. Il suffit de savoir combien de CO2 est rejeté dans l’atmosphère —35 milliards et demi de tonnes ou gigatonnes l’an dernier— et il faut ensuite tenter d’évaluer ce qui sera émis l’année prochaine et les années suivantes.
Dans le scénario optimiste, où les pays riches se conformeraient à leurs engagements de la Conférence de Copenhague en 2009, le seuil des 450 PPM serait malgré tout atteint au milieu du siècle. Il faut se rappeler que ces engagements de 2009 étaient justement calculés dans le but de ne pas dépasser ces 450 PPM, ou deux degrés Celsius d’augmentation.
Dans le scénario pessimiste (ou réaliste, dépendamment du point de vue), les 450 PPM seraient atteints dès 2035, et ça ne s’arrêtera pas là, puisque l’humanité frapperait le seuil des 500 PPM, et peut-être même des 550 PPM, avant la fin du siècle.
Après avoir atteint le sommet, ça redescend quand?
Le CO2 que nous rejetons dans l’air ne disparaît pas comme par magie. La durée de son cycle de vie est indéterminée, mais différents calculs convergent vers 500 ans. Certes, dans le meilleur des cas, il ne reste que 5 ans dans l’atmosphère, après quoi il s’accumule dans les végétaux et les océans. Le problème, c’est que nous émettons désormais plus que ce que les végétaux et les océans ne peuvent absorber. De sorte qu’on ne parle plus du «cycle de vie du CO2», mais du «cycle de vie de l’excès de CO2», et c’est de là que provient l’estimation des 500 ans: le temps nécessaire à ce que le déséquilibre disparaisse.
C’est une approximation, contestable, mais qui donne une idée des conséquences possibles.