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Que lire et que retenir du document finalement déposé aujourd’hui par le GIEC, et du premier volume du rapport qui sera déposé le 30 septembre? Voici un survol en hyperliens, qui sera remis à jour au fur et à mesure, pendant la fin de semaine.

Le chiffre-clef: les 200 et quelques auteurs ont fixé une limite supérieure, un «budget carbone» de 1000 milliards de tonnes, si l’humanité ne veut pas dépasser la barre des 2 degrés Celsius d'augmentation par rapport aux moyennes préindustrielles. Un seuil que nous dépasserons toutefois probablement... puisqu’on a déjà dépensé la moitié de ce budget. L’autre moitié devrait être dépensée, au rythme actuel, en 2040.

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Pour le reste, les mêmes conclusions qui avaient déjà filtré ces derniers mois: l’humain est largement responsable du réchauffement, quelques prédictions plus serrées sur la hausse du niveau des mers et la hausse des températures. On peut lire ici le résumé en question: seulement 21 pages bien tassées, plus 15 pages de tableaux.

Ce qui a été déposé

Intitulé Résumé à l’intention des décideurs (Summary for Policymakers), il s’agit d’un résumé du rapport complet qui, lui, paraît le 30 septembre, mais surtout un résumé qui a été approuvé ligne par ligne par les représentants de 110 gouvernements réunis à Stockholm depuis une semaine.

À ne pas confondre: ce rapport complet déposé le 30 septembre ne sera pas en lui-même «le rapport du GIEC», mais uniquement le premier tiers. Ce qu’on appelle communément «le rapport du GIEC» est en effet composé de trois volumes, chacun rédigé par un groupe de travail différent: le premier, celui dont il est question ici, porte sur les fondements physiques du réchauffement, le second est intitulé «Impact, adaptation et vulnérabilité», et le troisième porte sur l'atténuation des changements climatiques. Les volumes 2 et 3 paraîtront en mars et avril 2014.

Les réactions

Bien que tout résumé journalistique doive d’abord mettre l’accent sur le point fort d’un document —ici par exemple, la certitude accrue de l’influence humaine sur le climat— si on prend du recul en revanche, il n’y a pas beaucoup de neuf. Ce sont les mêmes conclusions qu’il y a cinq ans, juste plus précises. C’est ce qu’écrivent notamment ces deux climatologues dans The Conversation: plus de certitude, pas beaucoup de nouvelle. À écouter aussi: un entretien à l'émission La Tête au carré.

Est-ce que davantage de science du climat conduira à des changements politiques? À court terme, non, répond le journaliste américain Andrew Revkin. Et certainement pas au Canada, renchérit l'éditorialiste québécoise Josée Boileau (28 septembre).

C'est ce même constat qui en conduit plusieurs à recommander que les efforts de recherche et de sensibilisation sur le climat prennent une autre direction: les rapports du GIEC ont eu une énorme utilité dans les années 1990 et 2000, plus maintenant (Nature, 18 septembre). Il est temps pour ces rapports d'évoluer, écrit le climatologue Kevin Trenberth (The Conversation, 28 septembre) et le journaliste Fred Pearce (E360, 30 septembre), un des rares qui était à Stockholm la semaine dernière.

Et ensuite?

Dans la plupart des synthèses, une date ressort: 2015. C’est la date butoir pour une entente internationale sur le climat, si on veut qu’elle entre en vigueur en 2020 —le fameux «Kyoto 2», qu’on espérait initialement mettre en place en 2009. Or, la situation a peu évolué depuis 2009, rappelle Le Devoir (28 septembre).

Même les chroniqueurs économiques s’y mettent. «Que les entreprises le veuillent ou non, les changements climatiques et autres bouleversements environnementaux auront une incidence de plus en plus lourde sur leurs activités.»

Le déni

Evidemment, les partisans du déni ne vont pas manquer cette occasion de faire parler d’eux et de répandre des informations non vérifiées. Faut-il démolir leurs arguments —pour la 1000e fois— ou ne pas leur accorder d’attention? L’astronome et blogueur Phil Plait a choisi la première option.

En un sens, écrit le Scientific American , «ce résumé vise directement à contrer certaines des fausses informations et des interprétations erronées qui circulent autour du climat». Notamment autour de la fameuse «pause» dans la hausse des températures depuis 10 ans: tout laisse croire que les océans y jouent le plus gros rôle.

Cela dit, ceux qui déplorent aujourd’hui que les climatosceptiques continuent de faire du déni ratent peut-être la cible... Sous le titre Pourquoi la planète n’écoutera pas, le psychologue Adam Corner rappelle que c'est la nature humaine qui est en cause. Dès 2008, la science avait apporté toutes les preuves nécessaires, même l’économie s’était mise de la partie pour alléguer l’urgence d’agir. Et pourtant, la politique n’a pas suivi. Parce que, rappelle-t-il, le fait d’être préoccupé ou non par les changements climatiques —ou par quelque risque que ce soit— peut n’avoir rien à voir avec la somme de connaissances accumulées, mais tout à voir avec nos valeurs personnelles, le groupe auquel on veut s'identifier, notre idéologie. Un effort de communication efficace doit donc en tenir compte, et ça n'est pas le rôle que peut jouer le GIEC.

Dernières modifications: 30 septembre, 11h15.

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