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De la vulgarisation sur Twitch à travers un direct de 24 heures? S’il y a longtemps que la vulgarisation se fait à travers les « vieux » réseaux sociaux, la pandémie et le confinement ont poussé certains vulgarisateurs à s’approprier de nouvelles plateformes.

DirtyBiology, Scilabus, Dr Nozman… Ces vulgarisateurs scientifiques francophones avaient fait leur place sur YouTube depuis plusieurs années. Et bien avant eux, des scientifiques et des communicateurs — et même des astronautes — avaient aussi pris leurs aises sur Facebook ou sur Twitter. Mais avec la pandémie, est venu le tour de plus jeunes plateformes comme Twitch ou TikTok : la première a doublé son audience en un an, atteignant un total de 6.3 milliards d’heures visionnées pour le premier trimestre 2021. Si elle est encore peu connue du grand public, Twitch représente à elle seule 72,3% du temps total de visionnement de jeux vidéos en direct, loin devant Facebook Gaming (12,1%) et YouTube Gaming Live (15,6%).

De son côté, TikTok a battu le record de l’application la plus téléchargée au monde en un seul trimestre avec ses 315 millions de téléchargements dans les trois premiers mois de 2020 : elle talonne maintenant les géants Facebook et YouTube.

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« On garde tous les codes de la vulgarisation classique », selon Thomas Milan, doctorant à l’Université de Montréal. Sur sa chaîne Twitch Sciences à la carte créée en octobre 2020, il propose régulièrement des résumés de l’actualité scientifique ou des présentations de travaux de recherche d’étudiants, dans des interventions en direct de 2 heures en moyenne. « Un fil conducteur, pas de jargon, raconter une histoire, prendre le spectateur par la main. Mais contrairement à la radio ou à la télévision, où l’on dispose de quelques minutes pour livrer un message, ici on peut prendre son temps, aller en profondeur », explique-t-il.

À l'inverse, un format très court est, selon Germain O'Livry dit « Dr Nozman », un moyen de créer « du contenu scientifique simple, créatif, spectaculaire, pour capter les esprits et donner envie d’aller plus loin ». Avec près de 4 millions d’abonnés sur sa chaîne YouTube, il est le vulgarisateur francophone le plus populaire sur YouTube. Ce vidéaste français privilégie généralement des formats de vidéos de 15 minutes, et ce depuis maintenant 10 ans ; mais en janvier, il a commencé à multiplier les vidéos d’expériences « faites maison » de quelques dizaines de secondes sur TikTok, à raison de plusieurs par semaine. Le public a suivi : « je n’ai jamais eu autant de retours positifs que depuis que j’ai démarré ce format d’expériences », s’enthousiasme-t-il dans une de ses vidéos. Sa chaîne sur cette plateforme vient de dépasser le million d’abonnés.

Et en cette année de confinement, les vulgarisateurs ont pu retrouver —ou conserver— un contact privilégié avec le public. Le 8 mai dernier, Sciences à la carte a par exemple proposé un marathon de 24 heures de sciences, dans le cadre de l’activité québécoise du même nom. Au programme: des interviews, des jeux, des panels, et une extraction d’ADN de fraises en direct.

Cette dernière est une expérience bien connue dans le monde de la vulgarisation : elle avait par exemple été décrite il y a quelques années sur la chaîne YouTube des Débrouillards. Mais cette fois-ci, la plateforme utilisée a permis au public d’aller au-delà du visionnement d’une vidéo : sur Twitch, en quelques clics, chacun peut se créer un compte gratuitement et discuter avec le vulgarisateur dans l’outil de conversation. Ainsi, des classes ont pu participer à distance avec leurs professeurs durant l’extraction d’ADN de fraises, poser des questions et confirmer que l’expérience fonctionnait bien de leur côté. « Contrairement à un live Facebook ou YouTube, Twitch est une plateforme qui a été développée pour être avant tout centrée sur le chat : l’animateur sait qu’il faut laisser la place à l’interaction avec sa communauté lorsqu’il lance une vidéo en direct », souligne le doctorant. Ce contact privilégié entre le public et le communicateur permet de maintenir un échange tout au long du direct et de vérifier que tout le monde suit : « si une personne n’a pas bien compris un point, on peut revenir en arrière et le lui expliquer d’une autre façon », résume-t-il.

Avec la fin du confinement, que va-t-il advenir de ces nouvelles plateformes de vulgarisation ? « Twitch permet une liberté presque sans limite : on peut s’adapter et envisager toutes sortes de formats, tester différentes choses », affirme Thomas Milan. Avec la fin de son doctorat cet été, il compte consacrer plus de temps au développement de sa chaîne, en initiant de nouvelles collaborations et des projets pour inclure le public à distance et des intervenants en présentiel, tout en continuant de susciter la curiosité et l’envie de s’intéresser aux sciences.

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