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L’idée de géoingénierie, ou de jongler avec les systèmes climatiques de notre planète pour ralentir le réchauffement, fait souvent parler d’elle pour des expériences qui pourraient éventuellement être menées dans les airs. On parle moins de l’eau où, pourtant, l’impact direct sur la vie serait immédiat.

En l’occurrence, une équipe de l’Institut de technologie de Georgie, à Atlanta, s’est intéressée à l’idée de rendre les eaux plus alcalines, donc accroître leur pH, ce qui accroîtrait leur capacité à absorber le carbone que nous expédions dans l’atmosphère. Partant de cette idée, ces chercheurs ont tenté d’estimer quel impact auraient des eaux devenues plus alcalines, sur la chaîne alimentaire marine.

L’estimation n’est pas encourageante, résume le biogéochimiste Chris Reinhard dans le New Scientist. Les tonnes de minéraux qu’il faudrait déverser pour avoir un impact sur la capacité des océans à absorber plus de carbone réduiraient l’accessibilité aux particules organiques qui sont à la base de la chaîne alimentaire des plus petites créatures. « S’il faut chercher 30 fois plus pour trouver la même quantité de matière organique pour nourrir votre métabolisme », vous perturbez l’ensemble de la chaîne.

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Lorsqu’on parle de déverser des substances alcalines dans les océans, il s’agit de minéraux comme le basalte ou l’oxyde de calcium. Ils contribuent à convertir le CO2 déjà présent dans l’eau de mer en carbonates et bicarbonates, libérant de l’espace pour davantage de CO2. Selon les estimations des océanographes ces dernières années, les océans pourraient actuellement absorber environ 38 000 milliards de tonnes de CO2. Avec une telle opération, on pourrait ajouter plusieurs milliards de tonnes.

Mais avec des ramifications difficiles à prévoir, selon l’étude parue le 17 avril dans Environmental Research Letters. En théorie, des versions synthétiques de ces minéraux pourraient se dissoudre plus vite et se révéler plus efficaces.

Une telle « expérience » n’a évidemment jamais été menée à une aussi grande échelle (uniquement à des échelles très locales), et elle nécessiterait des infrastructures coûteuses —pour déverser, mais aussi pour aller chercher ce minerai. Une étude internationale, en 2018, avait tenté d’évaluer l’immensité de la flotte maritime que cela nécessiterait, et avait discrètement ajouté qu’aucune étude approfondie n’avait été menée jusqu'ici sur les « effets qu’une telle alcalinisation de l’eau aurait sur les écosystèmes marins ».

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