Il est maintenant acquis que des comportements homosexuels sont répandus un peu partout dans le monde animal. Les biologistes s’entendent aussi pour dire qu’il s’agit d’un comportement qui est apparu de manière indépendante chez plusieurs espèces —autrement dit, il n’est pas apparu une seule fois dans l’évolution, mais plusieurs fois. Cela n’explique toutefois pas pourquoi.
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Dans une nouvelle étude portant spécifiquement sur les mammifères, des chercheurs suggèrent une corrélation avec les périodes de l’évolution où certaines espèces ont commencé à former des « groupes sociaux ». Des comportements homosexuels —autant chez les mâles que chez les femelles— auraient alors pu présenter, suggèrent les chercheurs, un « avantage évolutif », par exemple pour l’atténuation des conflits.
Il faut rappeler que, d’un strict point de vue biologique, il faut une « raison » pour qu’un comportement, quel qu’il soit, se maintienne au sein d’une espèce, à travers les âges: il faut qu’il apporte un « avantage évolutif » à cette espèce par rapport aux autres —qu’il s’agisse d’espèces qui sont en concurrence pour le même territoire ou qu’il s’agisse de prédateurs. Et en l’occurrence, l’avantage ne peut évidemment pas être au niveau de la reproduction.
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Dans leur étude, parue le 3 octobre dans Nature Communications, trois chercheurs espagnols en écologie et en zoologie prennent bien soin de souligner que leur travail ne doit pas servir à extrapoler aux humains. Le type d’évolution qu’ils ont observé sur d’immenses échelles de temps et les types de groupes sociaux, sont très différents de ce qu’on retrouve dans les sociétés humaines.
Ces chercheurs sont partis de la liste officielle des 6649 espèces de mammifères d’aujourd’hui —qui ont donc tous un ancêtre commun d’il y a environ 250 millions d’années. Et ils ont retenu les espèces chez qui, dans la littérature scientifique des dernières décennies, on a observé des comportements homosexuels —soit 261 espèces en tout. Il en ressort que ces 261 sont à ce point dispersées à travers les « branches » de l’arbre généalogique des mammifères, que cela suggère que le comportement a évolué séparément sur différentes branches. Mais on le retrouve davantage sur certaines branches, qui se trouvent à être celles dont les animaux tendent davantage à être « sociaux » —par exemple, les grands singes.
L’hypothèse de ces trois chercheurs n’étonne pas les biologistes qui se sont penchés sur la question depuis 20 ans: mais leurs études précédentes portaient sur une espèce à la fois plutôt que sur un aussi grand ensemble. En même temps, cette étude ne règle pas la question, puisque sa liste d’espèces chez lesquelles on a observé ces comportements est forcément incomplète: elle pourrait souffrir d’un biais d’observation, considérant que certaines espèces plus charismatiques ont bénéficié de plus d’attention que d’autres.