Si tous les pays respectaient leurs promesses de réduction des gaz à effet de serre, la planète serait à présent sur une trajectoire de 2,4 à 2,6 degrés Celsius d’augmentation par rapport à l’ère pré-industrielle. En revanche, les politiques actuelles nous placent plutôt sur une trajectoire de 2,9 degrés.
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Ces chiffres proviennent du dernier rapport annuel du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) consacré aux « engagements » des différents pays, ou plus précisément aux « écarts » d’émissions entre les promesses et la réalité (Emissions Gap Report 2024).
Dans le jargon des négociations internationales sur le climat, on appelle « contributions déterminées au niveau national » ces promesses de réduction. En signant l’Accord de Paris en 2015, les pays de la planète s’étaient entendus sur une seule chose: soumettre un plan chiffré de réduction des gaz à effet de serre, incluant des cibles précises en 2030 et en 2050. Ils s’étaient également engagés à soumettre une mise à jour de leurs cibles cinq ans plus tard. La prochaine échéance est en février 2025 et plusieurs pays ont déjà publié leurs mises à jour.
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C’est sur la base de ces promesses que les experts, comme ceux du PNUE, peuvent extrapoler sur la quantité supplémentaire de gaz à effet de serre que cela représentera dans l’atmosphère au fil des prochaines décennies.
Or, si les nations de la planète ont respecté l’engagement de publier leurs plans de réduction et leurs mises à jour, seule une minorité se conforme à ses propres promesses, et c’est ce qui explique l’écart entre 2,4 degrés d’augmentation d’ici 2100 —si tous les pays respectaient leurs promesses— et 2,9 degrés —si on se fie à la réalité en ce moment.
C’est dans ce contexte que le rapport du PNUE, publié le 24 octobre, souligne qu’il y a un « écart massif entre rhétorique et réalité ». Les auteurs du rapport évaluent que les émissions devraient être coupées de 54% en 2030 et de 72% en 2035. Ils reprochent aussi le fait que certains pays ont des cibles si basses qu’ils n’ont pas besoin de mettre en place de nouvelles politiques pour les atteindre.
Et rappelons que, bien avant l’Accord de Paris, on parlait d’une cible de 2 degrés Celsius à ne pas dépasser: c’est parce que le consensus des experts scientifiques était qu’au-delà d’un certain seuil, on entrait dans une zone où les perturbations du climat allaient s’accélérer. On ignore ce qu’est ce seuil, mais on soupçonne qu’il y en a plusieurs, tout dépendant de quelle perturbation on parle —la fonte des glaces, les courants océaniques ou atmosphériques, etc. C’est à Paris qu’un engagement avait été pris de plutôt tenter de ne pas dépasser 1,5 degré —et ce seuil est en train d’être dépassé.
Les rapports des dernières années se réjouissaient prudemment d’un « plateau » dans la croissance des gaz à effet de serre —mais il s’agissait probablement de l’effet pandémique. On constate que peu de nouvelles politiques capables de faire une différence ont été implantées depuis la dernière mise à jour des promesses, en 2021, lors de la 26e conférence des Nations unies sur le climat (COP26). Le rapport annuel de l’UNEP a justement servi ces dernières années à alimenter les négociations lors de ces COP annuelles, et sa publication survient alors que les négociateurs s’apprêtent à se rendre en Azerbaïdjan, pour la COP29, à partir du 11 novembre.