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Par Marianne Pedinotti-Castelle, candidate au doctorat au LIRIDE (Université de Sherbrooke)

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L’objectif environnemental actuel est de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-dessus du niveau de l’année 1990. Pour y arriver, il nous faut réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par l’Homme. Selon le rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat) de 2018, “dans les trajectoires qui limitent le réchauffement planétaire à 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement minime, les émissions anthropiques mondiales nettes de CO2 diminuent d’environ 45 % depuis les niveaux de 2010 jusqu’en 2030 [...], devenant égales à zéro vers 2050 [...].”

Face à cet objectif, un nouvel équilibre mondial doit être trouvé, à mi-chemin entre expansion économique et décroissance, synergies et compromis sur nos modes de vie. Sur la balance, d’un côté, un éventail de solutions technologiques d’atténuation des émissions, allant de l’électrification des transports, à l’élimination du CO2 atmosphérique par captage et séquestration (bioénergie avec captage et stockage du dioxyde de carbone (BECSC)) et de l’autre, des solutions comportementales, une diminution de la demande énergétique et des changements dans nos modes de vie (achats locaux, développement du télétravail, du covoiturage, ...).  

Le GIEC propose quatre scénarios, dans sa figure 3b (présentée ci-dessous) du résumé à l’intention des décideurs, qui permettent de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici 2050. Ces scénarios vont des choix économiques et sociétaux les plus nuancés, au moins nuancés : 

  • Scénario P1 : un scénario dans lequel les changements et innovations sont autant technologiques que comportementaux (modification des modes de vie : covoiturage, achats locaux, télétravail, etc.) et engendrent une réduction de la demande énergétique de 32 % en 2050 comparé à 2010 ;
  • Scénario P2 : un scénario mettant en avant le développement durable sans demander de changements radicaux dans les modes de vie ;
  • Scénario P3 : un cours normal des affaires dans lequel les situations économique et sociale continuent sur la même trajectoire ; 
  • Scénario P4 : un scénario dans lequel la croissance économique et les modes de vie engendrent une forte intensité en gaz à effet de serre (GES).

Figure : Détail des contributions aux émissions nettes mondiales de CO2 pour
quatre exemples de trajectoires modélisées

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Bonne nouvelle donc, tous ces scénarios nous permettent d’atteindre les 1,5 °C visés! Mais à condition de déployer tous les efforts et tous les investissements nécessaires.

Quelles sont alors les conditions pour atteindre l’objectif des 1,5 °C ?

  1. Dans tous les scénarios (P1, P2, P3, P4) : la limitation du réchauffement à 1,5 °C impliquerait en priorité l’élimination partielle ou totale des combustibles fossiles, dans tous les secteurs (résidentiel, commercial, institutionnel, transports et industries).
  2. Dans les scénarios qui miseraient sur un changement des modes de vie (P1 et P2), il serait suffisant d’investir en plus dans l’élimination des émissions du secteur de l’agriculture, de la foresterie et des autres utilisations des terres (AFAUT).
  3. À l’inverse, les scénarios qui miseraient sur le développement technologique seul (P3 et P4) exigeraient en plus de l’élimination des combustibles fossiles et des émissions du secteur AFAUT, le recours au captage et séquestration du carbone à grande échelle (pour capter l’équivalent de 20 milliards de tonnes de CO2 par an), pour compenser un mode de vie intense en émissions de GES.

Que peut-on en conclure ?

À l’heure actuelle, la limitation du réchauffement climatique resterait donc possible. Cependant, moins les personnes sont sollicitées à modifier leurs modes de vie, plus les solutions vont être complexes à mettre en œuvre, autant d’un point de vue technique que d’un point de vue de l’acceptabilité sociale. Ce genre de réflexion s’insère dans un projet de recherche du LIRIDE où une modélisation est effectuée à l’échelle du Québec.

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