« L’idée que les villes sont pauvres en biodiversité est un mythe; le nombre d’espèces animales que nous avons répertoriées en ville est comparable à celui des écosystèmes à la campagne. Certes, nous n’y trouvons pas la même biomasse, mais la biodiversité y est semblable », annonce d’emblée Marco Moretti, chercheur suisse en écologie et chef d’un groupe de recherche de l’Institut Fédéral de Recherche WSL à Bellinzona. Actuellement chercheur invité au laboratoire d’écologie numérique du professeur Pierre Legendre de l’Université de Montréal, Marco Moretti a supervisé une étude transdisciplinaire sur la biodiversité dans 3 villes suisses — Zurich, Lugano et Lucerne — dans le cadre d’un programme national de recherche sur le développement durable de l’environnement construit.
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Sociologie versus écologie
Élément original, l’étude a été menée en synergie sur deux fronts à priori éloignés, la sociologie et l’écologie. « Pour déterminer les critères d’aménagement des espaces verts qui favorisent à la fois le bien-être de la population et la biodiversité urbaine, nous avons d’une part enquêté pour définir les besoins de la population en matière de nature urbaine – comprendre leurs craintes, leurs besoins, leurs attentes, etc. — et nous avons analysé d’autre part la biodiversité urbaine à travers 3 groupes d’animaux : les insectes, les oiseaux et les chauves-souris », explique le chercheur. Contre toute attente, il ressort du volet sociologique que l’espèce la mieux corrélée avec la biodiversité totale et en même temps, la plus à même de satisfaire les attentes des citoyens, est un oiseau coloré et autochtone : le pic épeiche.
La savane urbaine
« Grâce à cette espèce bioindicatrice et charismatique, nous avons déterminé les critères d’épanouissement des niches écologiques corrélées à la présence du pic épeiche en ville et nous avons abouti au scénario optimal d’aménagement des espaces verts ; il s’agit d’une sorte de savane clairsemée d’arbres et de plantes indigènes, à l’herbe pas trop rase, facile d’accès et reliée par un réseau d’allées vertes à d’autres zones verdoyantes. »
Adieu les jardins exotiques à la mode de Versailles, la biodiversité et les citadins préfèrent l’hétérogénéité visuelle, la diversité des sols et les plantes bien de chez nous. « Plus besoin de tondre aussi souvent ; avec une bonne planification de l’entretien, tout le monde y gagne ! » conclut-il.