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La rentrée scolaire stresse autant les parents que les enfants. Il faut dire que la vie paraît plus complexe aujourd’hui: davantage (trop?) de connaissances sur le développement des enfants et la réussite scolaire, une conciliation travail/famille à bonifier, des familles éclatées et un réseau social peu soutenant...

Francine de Montigny, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la santé psychosociale des familles, nous parle de la santé mentale des parents.

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Agence Science-Presse (ASP) - De quoi souffrent les parents?

Francine de Montigny (FM) - Le plus fréquemment, c’est d’anxiété et de stress de performance. Les parents veulent être de bons parents. Ils veulent répondre aux attentes de la société et celles qu’ils ont pour eux-mêmes. Et c’est parfois difficile de conjuguer tout cela. Chez les pères, des études étrangères nous montrent que 4 à 20% angoissent et font même de la dépression. Ici, nous ne savons pas encore. Nous sommes habitués à mettre l’emphase sur la relation mère-enfant, il est temps de regarder comment se sentent les pères.

(ASP) - Pourquoi les parents stressent-ils autant?

(FM) - Nous vivons dans une société très exigeante. Lorsqu’on devient parent, on entre en contact avec de nombreux professionnels (médecins, infirmières, éducatrices, professeurs, etc.) qui se posent comme experts des soins des enfants. Et nous, nous sommes en période d’apprentissage. Cela met une grande pression: nous voulons performer aussi bien qu’au travail. Lorsque de petites choses bousculent la routine, nous avons parfois du mal à y faire face avec sérénité. Si vous êtes pris dans le trafic alors que vous devez allez chercher votre enfant à l’école, par exemple.

Le manque de temps est un stress additionnel. De plus, les familles ne possèdent plus un bon réseau de soutien. Les grands-parents sont loin et plus actifs. Lorsqu’un enfant tombe malade et doit garder la chambre, qui sera disponible pour le garder?

(ASP) - La rentrée serait-elle une période stressante pour les parents?

(FM) - C’est sûr, cela augmente le niveau de stress familial. Il faut «réussir» la rentrée scolaire, parvenir à les accompagner correctement. Il fallait voir la fébrilité qui régnait dans les librairies ces dernières semaines. Même pour les parents qui font le choix de l’école à la maison: le parent porte alors tout le poids de la réussite scolaire de son enfant.

(ASP) - Les compétences parentales paraissent être la clé...

(FM) - Lorsque le stress augmente, le sentiment de compétence diminue. Parfois, c’est la famille élargie qui peut être intrusive. Il faut aussi une bonne communication entre parents et se donner du temps pour la résolution de problème.

Mais pour cela, il faut se garder du temps de famille et ce n’est pas toujours facile car la rentrée, ce n’est pas juste l’école, c’est tout un amalgame d’activités parascolaires ajoutant autant de pression. En faisons-nous trop ? Nous répondons, je pense, à la pression sociale ambiante.

(ASP) - Quels sont les impacts sur l’enfant?

(FM) - Des études démontrent que les enfants sont plus à risque de troubles de comportement lorsque leur père présente une santé mentale défaillante. Un père stressé ou dépressif risque plus d’être négligent et donc de moins s’engager dans son rôle. Il sera aussi moins soutenant pour sa conjointe qui, à son tour, verra son niveau de stress augmenter.

(ASP) - Comment aider les parents à moins stresser?

(FM) - Par des gestes très simples, comme leur donner un coup de main. Il faut aussi reconnaître la présence des deux parents et porter un regard particulier sur l’expertise du père (voir encadré). C’est encore une place à travailler. L’homme doit toujours négocier pour avoir un rôle actif. Il est nécessaire aussi que les milieux de travail soit plus sensibles à la conciliation travail-famille et permettent aux hommes de s’absenter pour s’occuper des enfants. Du côté des intervenants, il nous faut souligner les bons coups des parents, centrer sur les forces plutôt que les difficultés: ça fait du bien de s’entendre dire que l’on est un bon parent!

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