Ça pourrait être l’annexe « 21e siècle » de la Déclaration des droits de l’Homme. Un groupe de 18 généticiens et psychologues californiens a pondu une liste de 10 principes qui devraient guider les scientifiques dans leurs futurs travaux autour du génome humain.

1. Toutes les races sont créées égales. Pourquoi faut-il le rappeler? Parce qu’aux esprits obtus encore convaincus d’appartenir à une race supérieure, la génétique apporte toutes les preuves du contraire. On ne l’a peut-être pas encore assez utilisé comme outil pédagogique.

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2. Il y a davantage de variations génétiques à l’intérieur d’un groupe ethnique qu’entre deux groupes ethniques. Une vérité difficile à avaler pour ceux qui tiennent à leur identité, mais dûment calculée par les analyses génétiques des dernières années.

3. Ceci dit, il ne faut pas non plus surestimer la génétique : l’histoire familiale d’une personne n’est pas seulement inscrite dans ses gènes. Le contexte social, politique, voire géographique, pèse de tout son poids.

4. Pas étonnant dès lors, si la définition de ce qui forme n'importe quel groupe ethnique varie, au fil des générations.

5. Il faut se garder de chercher une explication génétique facile dans des résultats à des tests de Q.I., des réussites athlétiques ou des tendances à la violence.

6. Tous les chercheurs qui utilisent des catégories ethniques ou raciales dans leur étude sont enjoints à expliquer pourquoi telle catégorie et comment elle est définie.

7. L’usage du concept de race comme critère pour expliquer des similitudes biologiques devrait être aboli. « Trop insister sur la contribution génétique à des maladies complexes ou à des comportements peut non seulement promouvoir le racisme, mais aussi une génétique naïve. »

8. Des études interdisciplinaires sur les variations génétiques devraient inclure des praticiens des sciences sociales.

9. Une stratégie de communication devrait prendre en compte le risque d’une récupération des données génétiques à des fins politiques ou idéologiques.

10. L’éducation est d'une importance fondamentale pour que soit transmis un bagage de connaissances sur la génétique qui n’entremêle pas de fumeux concepts racistes, comme cela s’est malheureusement produit dans le passé.

Ces chercheurs de l’Université Stanford ont publié leurs 10 principes sous la forme d’une lettre ouverte dans la revue Genome Biology . Ce geste inusité, expliquent-ils, a été inspiré par le fait que « le gène demeure une icône puissante dans l’imaginaire collectif », et qu’il est souvent mal compris, mal défini, mal utilisé —entre autres et en particulier, pour justifier des classifications ethniques, voire racistes.

Notre discussion, qui a ultimement accouché de ce texte, « résulte du désir de minimiser le risque que la recherche scientifique ne contribue involontairement à des inéquités ou des abus. » Et de fait, le spectre du racisme semble flotter au-dessus de ce document, comme une menace passée mais prête à resurgir à tout moment...

Ce document, expliquent-ils, « constitue un pas », qui tient compte du « potentiel de mauvaise interprétation ou de mauvais usage de la recherche ». Que les milliers de généticiens qui ont les yeux fixés sur leur séquençage, affichent ces 10 vérités sur leur babillard...

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