Des mutations survenues chez nos ancêtres il y a des milliers, voire des dizaines de milliers d’années, ont des impacts sur la santé et l’espérance de vie aujourd’hui encore. Par exemple, la sclérose en plaques pourrait être une conséquence des mutations qui ont contribué à protéger nos ancêtres des infections causées par les animaux qu’ils commençaient à élever.
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Pas moins de quatre études sont parues simultanément le 10 janvier dans la revue Nature, autour de 1600 génomes préhistoriques qui ont été comparés aux données de 410 000 personnes provenant de la base médicale britannique Biobank. Ces études révèlent plusieurs choses parmi lesquelles:
- les gens d’ascendance européenne qui partagent le plus de gènes de la première migration, celle dite des chasseurs-cueilleurs il y a 45 000 ans, ont des variants qui les placent à un risque plus élevé de diabète et d’Alzheimer;
- ceux qui partagent le plus de gènes de la deuxième vague, celle dite des fermiers arrivés du Moyen-Orient il y a 11 000 ans, se retrouvent plus souvent dans le sud de l’Europe;
- quant aux variants mettant aujourd’hui plus à risque de souffrir de la sclérose en plaques, ils sont plus fréquemment présents chez ceux qui partagent le plus de gènes de la troisième vague, celle dite des éleveurs venus des steppes d’Asie de l’ouest et d’Europe de l’est il y a 5000 ans.
Les paléontologues parlent en effet de trois vagues migratoires dans l’Europe préhistorique. Mais ces études confirment aussi ce que plusieurs soupçonnaient, à savoir que ces trois vagues ne se sont pas uniformément répandues sur le continent: les éleveurs, par exemple, sont davantage allés dans le nord, tandis que les fermiers sont davantage allés dans le sud et l’ouest. Avec ces impacts sur le bagage génétique des uns et des autres qu’on peut donc comparer aujourd’hui encore.
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La sclérose en plaques est une maladie causée par un système immunitaire qui, hyper-activé, se met à attaquer le système nerveux. Or, un système immunitaire hyperactif pourrait être, spéculent les auteurs d’une des études, le résultat d’une mutation qui aurait aidé des humains à survivre à un plus grand nombre de virus et de bactéries transportés par les animaux, lorsque ces humains ont commencé à faire de l’élevage.
L’hypothèse est difficile à prouver mais, à l’instar des autres découvertes dans ces études, elle rappelle qu’une mutation ne survient pas nécessairement en réaction à un nouveau besoin dans l’environnement. Elle peut avoir été déjà présente, et avoir aidé un groupe à survivre à un nouveau défi dans son environnement —on donne l’exemple de la tolérance au lactose, qui aurait été présente en Europe il y a 6000 ans, avant que n’arrivent les éleveurs et leur bétail.