lemur4.jpg (338.34 Ko)

Qu’est-ce qui différencie l’humain de ses plus proches cousins? Cette vieille question existentielle vient de s’enrichir d’un immense « catalogue » de gènes observés et comparés chez 233 espèces de primates.

Dans le cadre de ce qui représente en effet la plus grosse entreprise de comparaison des génomes, des chercheurs de 24 pays se sont attelés à une collecte de données visant à identifier ce que nous avons tous en commun, autant que ce qui nous distingue —le « nous » incluant aussi bien les chimpanzés et les gorilles que des petits primates comme les lémuriens ou les tarsiers.

La collecte de gènes ouvre un nombre tellement élevé d’axes de recherche qu‘elle a donné lieu à 10 études parues simultanément la semaine dernière dans les revues Science et Science Advances.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Par exemple, les gènes impliqués dans le développement du cerveau ne sont pas uniques aux humains: ils sont apparus chez les ancêtres qu’ils partagent avec les grands singes d’Afrique et les singes d’Amérique du Sud. Autrement dit, « l’expansion du cerveau a commencé il y a très longtemps », commente le biologiste de l’évolution Dong-Dong Wu, de l’Académie chinoise des sciences, un des chefs de file de l’ensemble du projet (Primate Genome Project).

À l’inverse, les deux tiers des variants que l’on pensait être uniques aux Homo sapiens, parce qu’on ne les avait trouvés ni chez les Néandertaliens ni chez les Dénisoviens, ont été (re)découverts chez au moins une espèce de primates (la moitié ont été observés chez au moins deux espèces). Cela signifie donc qu’il s’agit de variants qui sont « disparus » et « réapparus » au fil des dizaines de millions d’années. Et qu’on n’a pas encore mis le doigt sur « les » variants qui définissent spécifiquement un être humain.

Les biologistes recensent un peu plus de 500 espèces de primates à travers le monde. Ces 233 sont représentatifs des 16 grands groupes ou « familles », mais passer à 300 ou 400 risque d’être plus difficile: les différents centres de recherche, zoos et musées à travers le monde ont fourni ce qu’ils ont été capables de fournir comme échantillons, soit ceux provenant des espèces qui ont déjà été étudiées.

Néanmoins, rien qu’avec ce que ces chercheurs ont sous la main, ces 10 études ne marquent que « le début » du projet, déclare Dong-Dong Wu à la revue Nature. En filigrane, c’est la biologie humaine, bien plus que la biologie des primates, qui intéresse ceux qui vont plonger dans ces génomes, incluant l’étude de nos maladies causées ou aggravées par des mutations encore mal connues.

Je donne