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Les chasseurs-cueilleurs qui peuplaient le continent européen lorsqu’y sont arrivés les premiers fermiers ont donné un coup de pouce au système immunitaire de ces derniers lorsque les deux groupes ont commencé à faire des bébés.

Le 1er mars dernier, deux études sur 116 génomes préhistoriques révélaient l’existence d’au moins huit populations distinctes d’Homo sapiens qui étaient arrivées en Europe pendant les 30 000 années avant l’introduction de l’agriculture, il y a 8000 ans. Certaines de ces populations étaient encore présentes sur le continent à la fin de cette période, d’autres étaient probablement disparues.

La nouvelle recherche, parue le 23 mars dans la revue Current Biology, porte pour sa part sur 677 génomes d’Eurasie vieux de 5000 à 12 000 ans: elle jette donc un regard sur ce qui s’est passé avant et après que de nouvelles populations venues du Proche-Orient aient apporté l’agriculture avec elles.

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On a longtemps présumé que l’arrivée de ce nouveau groupe avait bénéficié au système immunitaire des chasseurs-cueilleurs lorsque ces deux groupes s’étaient mis à faire des bébés: comme les fermiers vivaient plus nombreux à proximité les uns des autres, en plus de côtoyer des animaux au quotidien, leur système immunitaire avait logiquement développé une résistance à des maladies, résistance qu’ils avaient ensuite transmise à leurs descendants.

Or, sans rejeter totalement ce scénario, l’analyse des génomes révèle qu’un échange de gènes s’est aussi produit dans l’autre sens: une région de notre ADN appelée le complexe majeur d’histocompatibilité, liée au système immunitaire, révèle un apport plus élevé qu’ailleurs (jusqu’à 50%) des gènes des chasseurs-cueilleurs, à la fin de la période étudiée. Ce qui signifie que ces gènes ont eu un avantage compétitif dans le processus de sélection naturelle —du moins, pour ce qui est du système immunitaire.

Une hypothèse possible, avancée par l’équipe de l’Institut Francis-Crick de Londres et de l’Université de Pennsylvanie, pourrait être que les chasseurs-cueilleurs étaient déjà mieux adaptés aux pathogènes du continent européen que les nouveaux venus, arrivés de ce qui est aujourd’hui la Turquie. Mais il est également possible que le portrait final qui se dégage, lorsqu’on aura décodé plusieurs centaines d’autres génomes préhistoriques, en soit un où les descendants qui ont survécu étaient ceux qui avaient eu la chance d’avoir la « bonne » diversité de gènes pour survivre à la plus large variété possible de maladies —et ce, peu importe d’où venaient ces gènes.

 

Photo: Reconstitution du village néolithique de Travo, Italie / Giuale / CC 4.0

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