Nos ancêtres ont appris l’expression « traversée transatlantique ». Nous apprendrons bientôt « traversée transarctique ». Tentée pour la première fois —et terminée tragiquement— en 1553, elle pourrait faire partie des affaires courantes avant 10 ans : un navire allemand est déjà en route.

Beau coup de marketing : la compagnie Beluga Group a décidé que son navire de 12 700 tonnes, conçu pour naviguer dans les mers froides, reviendrait en Europe par l’Arctique, plutôt que par sa route habituelle. Si elle réussit, la compagnie n’y gagnera rien puisqu’entre sa dernière destination —Novyy Port, en Sibérie— et Anvers, en Belgique, elle ne ramassera aucun chargement et n’en livrera aucun. Mais elle y gagne en notoriété : le navire n’a pas encore entamé cette partie de son voyage que, déjà, le New York Times parle de lui.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

C’est que le raccourci fait rêver les armateurs, les marins et les politiciens : 13 000 kilomètres de moins! Arrivé à Ulsan, en Corée du Sud le 23 juillet puis à Vladivostock, dans l’extrême-Est de la Russie le 25, le Beluga Fraternity, après son dernier arrêt à l’avant-poste de Novyy, serait normalement rentré chez lui par le canal de Panama.

Il s’en est même fallu de peu qu’il ne soit accompagné d’autres navires commerciaux cet été : la compagnie allemande a deux autres navires qui livrent actuellement des marchandises le long des routes du Grand Nord, et si les conditions le permettent —ou s’il y a des communautés prêtes à payer pour une livraison spéciale— ce n’est peut-être pas juste une traversée expérimentale à laquelle on aura droit l’an prochain.

Rien n’est encore joué pour le Beluga Fraternity : au moment d’écrire ces lignes, on ignore si le passage de l’Arctique sera ouvert d’une extrémité à l’autre, comme il l’avait été l’an dernier, autant le long de la Sibérie que le long du Canada. Mais les choses augurent bien de ce côté.

Ou mal, du point de vue des environnementalistes, qui craignent plus que jamais les dégâts qu’une navigation non-réglementée pourrait causer aux écosystèmes nordiques.

[Ajout, 5 septembre]: le navire n'est plus qu'à quelques jours de sa dernière destination, Novyi Port, Sibérie.

Je donne