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Pour mieux reconnaître l’herbe à poux et l’herbe à la puce, ces deux plantes irritantes et allergènes qui font tant parler d’elles, une fois l’été bien entamé, l’Agence Science-Presse a interrogé Marie-France Larochelle, biologiste et préposée aux renseignements horticoles du Jardin botanique de Montréal

Agence Science-Presse (ASP) — Qu’est-ce qui caractérise l’herbe à poux?

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Marie-France Larochelle (MFL) — C’est la grande vedette. L’herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia L.) fait beaucoup parler d’elle, car elle fleurit à ce moment-ci de l’année. Son pollen très fin provoque le rhume des foins chez les personnes allergiques, soit une personne sur six au Québec. Sa taille varie entre 10 cm et 1 m 30. Elle paraît bien innocente avec son joli feuillage vert qui rappelle celui de la carotte ou de l’œillet d’Inde. Pourtant, c’est une mauvaise herbe résistante, qui croît sur la moindre parcelle de terre et ses semences sont viables durant 40 ans.

ASP — L’autre mal-aimée est l’herbe à la puce?

MFL — L’herbe à la puce (Toxicodendron radicans) provoque de petits renflements douloureux sur la peau lorsqu’on la touche. Près de 85 % de la population québécoise réagit à cette mauvaise herbe. Il faut avoir été en contact une première fois avec la plante pour que le système immunitaire réagisse. Son contact, direct ou indirect, entraîne une dermatite. Toutes les parties de la plante sont à éviter, de la racine aux fleurs, car elles contiennent une huile toxique, l’urushiol. Cette substance adhère même au pelage de chien, de chat et aux outils. Et il suffit de les caresser pour l’attraper.

ASP — Où poussent-elles?

MFL — L’herbe à poux est présente partout dans la vallée du Saint-Laurent, dans les localités à dense population. Cette herbe annuelle a la particularité de pousser plus facilement dans les lieux perturbés par l’activité humaine, partout où la terre a été remuée : terrains vagues, parcs et trottoirs. On peut même la retrouver dans des jardins entretenus. On retrouve l’herbe à la puce en bordure des sentiers, sur les rives du fleuve Saint-Laurent et dans les parcs urbains. Elle est plus difficile à reconnaître, car cette vivace ligneuse adopte différents aspects : grimpante, rampante ou buissonnante. Souvent confondue avec la vigne vierge ou l’érable à Giguère, elle présente des feuilles de trois folioles et une fleuraison discrète.

ASP – Existe-t-il d’autres plantes aussi toxiques?

MFL — Il y en a des plus toxiques dont on parle moins. Le sumac à vernis, très rare au Québec, est bien plus vénéneux que l’herbe à la puce. Il y a aussi la Berce du Caucase que l’on trouve dans les lieux perturbés et qui provoque des phytophotodermatites, des réactions cutanées occasionnées par le contact de la plante et l’exposition au soleil. C’est une plante exotique très envahissante qui peut produire 20 000 graines par plant! Vous pouvez les découvrir dans la section du Jardin des plantes toxiques du Jardin botanique situé à proximité du jardin du monastère et du jardin des arbustes. Ce jardin présente une trentaine de plantes qu’il vaut mieux éviter de sentir, de toucher ou de manger.

ASP – Les personnes allergiques sont-elles condamnées à passer l’été à l’intérieur?

MFL — Évidemment que non! Il faut apprendre à les reconnaître et à s’en débarrasser adéquatement. Il est, par exemple, déconseillé de faire brûler l’herbe à la puce, car la substance toxique que contient la sève (l’urushiol) se disperse dans la fumée et la respirer peut être dangereux. Il faut arracher les plants, mettre des gants et des vêtements longs. Si on entre en contact avec une plante potentiellement toxique. Il faut se laver les mains à l’eau savonneuse – froide de préférence, pour ne pas ouvrir les pores de la peau – et si les lésions persistent, consulter le médecin.

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