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Les médias ne manquent pas de poser la question ces jours-ci: 10 ans plus tard, qu’avons-nous appris, sur nous-même et sur le monde musulman, des attentats du 11 septembre 2001? Or, qu’en est-il de la science, elle? Quel fut l'impact sur la recherche?

Côté technologies militaires, ce fut le pactole. Les drones, ces avions sans pilotes, sont le résultat direct d’une volonté, en 2001, d’aller faire la guerre là-bas. Les «technologies pour des guerres non conventionnelles», comme on les appelle, ont également profité de budgets accrus: le Scientific American cite en vrac des «armures» renforcées pour les soldats (ou exosquelettes), des lanceurs de grenades «intelligents», des lasers à longue portée, etc.

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Mais qu’en est-il au-delà des technologies? La biodéfense, par exemple: les observateurs indépendants évaluent que 60 milliards$ ont été dépensés depuis 10 ans... sans vraiment de résultats.

Diagnostics, vaccins, traitements, contre (entre autres) l’anthrax (vous vous souvenez de la psychose à l’anthrax, à l’automne 2001?), le botulisme et la variole: de très nombreux programmes de recherche ont été mis sur pied, et pas aussi secrets qu’on pourrait l’imaginer. La Biomedical Advanced Research and Development Authority, une des créatures des années 2000, a chapeauté un programme de 5,6 milliards$ appelé BioShield, voué à acheter un nombre suffisant de vaccins et de médicaments en cas d’attaque à l’arme biologique (20 millions de doses de vaccins contre la variole, une maladie pourtant éradiquée depuis les années 1970!).

Mais comme l’écrit Nature , «aucun des maillons de cette chaîne n’a fonctionné comme il était censé le faire». Résultat, il est aujourd’hui loin d’être évident qu’en cas d’une telle attaque, les États-Unis seraient préparés...

D’autant qu’on peut se demander si une telle attaque est vraiment plausible. Après tout, dès l’automne 2001, il s’était trouvé des experts pour souligner que, compte tenu de ce que coûte la fabrication d’une «arme biologique», et de ses effets douteux —impossible de prévoir à la perfection la dispersion de spores d’anthrax, par exemple— un terroriste jugerait bien plus «rentable» d’y aller avec des moyens plus conventionnels.

Donc, quel est le risque réel? Il semble que ce domaine de recherche, qui relève plutôt de la psychologie ou de la sociologie, n’ait pas eu droit à autant de budgets...

Pas plus que n’en ont eu ceux qui réclamaient des fonds pour lutter contre l’ignorance, les préjugés et la peur, à travers l’éducation aux autres sociétés et à leur histoire, la vulgarisation des cultures ou l’ouverture sur le monde.

Toutes des choses, il est vrai, bien plus compliquées à créer qu’un exosquelette...

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