C’est la déclaration-choc qui accompagne un dossier du National Geographic dans lequel, entre optimisme et pessimisme, un constat se dégage: il est plus que temps de penser différemment. Dans les mots du géophysicien américain Klaus Jacob:
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Les gens des années 1880 ne pouvaient évidemment pas construire une ville pour l’an 2000. Et nous ne pouvons pas construire aujourd’hui une ville de l’an 2100. Mais nous ne devrions pas construire une ville dont nous savons qu’elle ne fonctionnera pas en 2100.
Cette opportunité de repenser les infrastructures, elle découle des changements climatiques et de l’inévitable hausse du niveau des mers. Puisqu’il est impossible d’envisager de protéger toutes les villes côtières par des barrières anti-inondations, approche le moment où il faudra faire des choix: quelles villes devraient être abandonnées aux éléments?
Londres, Rotterdam, la Nouvelle-Orléans, Shanghaï, Saint-Petersbourg —mais pas New York— ont élevé toutes sortes de protections au cours des dernières décennies, mais certaines, comme à la Nouvelle-Orléans, inquiètent déjà, à la vitesse où fondent les calottes glaciaires et s’élève le niveau des océans. Une grande marée susceptible de ne se produire qu’une fois par 1000 ans, est probablement devenu aujourd’hui un cas de «une par 100 ans». Et dans l’état actuel des infrastructures, dans beaucoup de villes, une «grande marée», ça veut dire des milliers de personnes noyées.
Miami, comme tout le sud de la Floride, semble être en plus grave posture encore. «Je ne peux pas imaginer le sud-est de la Floride comptant beaucoup d’habitants à la fin du siècle», déclare au National Geographic le directeur du département des sciences géologiques de l’Université de Miami.
Dans une étude publiée le 18 août par la revue Nature Climate Change, et financée par la Banque mondiale, on peut lire:
Les pertes moyennes causées par les inondations sont estimées en 2005 à 6 milliards US par année, et devraient passer à 52 milliards$ en 2050.
Même si les investissements pour l’adaptation maintenaient la même probabilité d’inondations, l’affaissement [des sols] et la hausse du niveau des eaux augmenteront les pertes annuelles de 15 à 22% en 2050, en plus de l’augmentation [de la facture] causée par les changements socioéconomiques.
De plus, ce qui oblige à penser différemment, c’est que si on connaît aujourd’hui les villes d’ores et déjà menacées par les eaux, on fait peu de cas de celles qui le seront demain. «Les villes où le risque va s’accroître le plus, lit-on dans Nature Climate Change, ne sont pas celles où le risque est particulièrement élevé aujourd’hui...» Un défi, pour des politiciens qui aiment ne réagir que lorsque le risque devient tangible...