screen_shot_2015-06-22_at_12.31.29_pm.png
Quand une étude scientifique compare l’être humain à l’astéroïde qui a tué les dinosaures, on ne s’attend pas à des conclusions réjouissantes.

Nous serions en effet engagés dans la sixième extinction de masse de l’histoire de notre planète, et cette extinction-ci serait causée par l’humain: parue le 19 juin, l’étude qui en arrive à cette conclusion a fait le tour des médias de la planète pendant la fin de semaine.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Ce n’est pourtant pas la première fois que des biologistes évoquent cette «sixième extinction». Déjà en 1998, 70% d’entre eux répondaient dans un sondage croire que la Terre était au bord d’un tel effondrement. Mais cette fois, les auteurs se sont appliqués à mettre des chiffres sur le concept. Ainsi, lit-on dans la revue Science Advances, au rythme «naturel» des choses, depuis un siècle, neuf espèces animales seraient disparues, que les humains aient été ou non dans le décor. Mais au lieu de cela, on compte 477 disparitions. Une estimation qu’ils qualifient de conservatrice.

Les preuves sont irréfutables: le taux récent d’extinction est sans précédent dans l’histoire humaine et hautement inhabituel dans l’histoire de la Terre. Notre analyse met l’accent sur le fait que notre société a commencé à détruire les espèces à un rythme accéléré, initiant un épisode d’extinction de masse qui n’a pas son pareil depuis 65 millions d’années.

Les biologistes s’entendent aujourd’hui pour dire que l’histoire de la Terre, depuis quatre milliards d’années, a été marquée par cinq extinctions de masse la plus récente étant celle causée par l’astéroïde qui a entraîné la perte, entre autres, des dinosaures.

La seule chose qui fait tiquer dans les reportages parus en fin de semaine est l’allusion à une disparition de l’espèce humaine aussi. Selon le co-auteur, Garardo Ceballos, de l’Université autonome de Mexico : «si les choses continuent sur leur lancée, la vie mettra des millions d’années à récupérer et notre espèce elle-même va probablement disparaître aussi».

Or, cette dernière citation ne figure pas dans l’étude, mais dans le communiqué de presse de l’Université Stanford. Dans les faits, bien qu’un pareil effondrement des écosystèmes serait catastrophique pour les ressources alimentaires mondiales et entraînerait des famines sans précédent, prédire l’extinction pure et simple de notre espèce est au-delà de ce que tout futurologue peut calculer.

Le tableau offert par cette étude n’en est pas moins sombre. Si les auteurs soulignent à grands traits que leurs estimations sont conservatrices, c’est parce qu’ils se sont uniquement concentrés sur les vertébrés, les êtres vivants que l’on connaît le mieux et dont la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature permet de pointer avec précision les espèces menacées et disparues. Mais si on connaissait toutes les espèces végétales disparues depuis un siècle, de même que les petits invertébrés, le total avoisinerait plutôt le millier.

Or, aucune espèce n’est isolée. Un écosystème est constitué d’espèces interdépendantes; la disparition de l’une signifie la fin du garde-manger de l’autre, et ainsi de suite. Au rythme actuel d’extinction, combien de temps faut-il avant un effondrement complet? On entre ici aussi dans la pure spéculation: selon les auteurs, l’ampleur de cette sixième extinction atteindrait celle des cinq précédentes dans un délai variant entre trois et six siècles.

Si le rythme actuel d’extinction se poursuit, les humains seront bientôt (dans l’espace d’une vie humaine) privés de plusieurs des bénéfices de la biodiversité. À une échelle de temps humaine, cette perte sera pour ainsi dire permanente, parce que lors des extinctions de masse passées, le monde vivant a mis des centaines de milliers à des millions d’années pour se diversifier à nouveau.

Une piste de solution? Des efforts intensifs de conservation des espèces —protéger leurs habitats, réduire la surexploitation des ressources et limiter l’impact des changements climatiques. Mais «la fenêtre se ferme rapidement».

Je donne